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République tchèque: grande coalition à l'allemande?

Anne Le Touzé6 juin 2006

En République tchèque, les partis politiques tentent de débloquer la situation issue des élections législatives de ce week-end. Un scrutin dont l’ODS, parti de droite libérale, anticommuniste et eurosceptique, est sorti gagnant, mais avec un score qui ne lui permet pas d’obtenir une majorité au Parlement. La mission de former un nouveau gouvernement, confiée aujourd’hui au chef de l’ODS, Mirek Topolanek, s'annonce particulièrement difficile. Une situation qui rappelle à la presse allemande celle des législatives de septembre dernier en Allemagne, qui a conduit à la formation d’une grande coalition.

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Le perdant des élections, le premier ministre Jiri Paroubek, a du mal à accepter la victoire de justesse de son adversaire Mirek Topolanek.
Le perdant des élections, le premier ministre Jiri Paroubek, a du mal à accepter la victoire de justesse de son adversaire Mirek Topolanek.Image : AP

En République tchèque comme en Allemagne, analyse la Sächsische Zeitung, la volonté de changement des électeurs n’a pas été suffisante pour assurer à l’opposition une majorité solide. Théoriquement, la formation d’une grande coalition serait la conséquence logique du résultat des urnes. Mais cela paraît peu probable, étant donnée l’animosité entre les responsables politiques et leurs visions radicalement différentes de la politique économique et européenne. Et pourtant, conclut le journal de Dresde, ce serait suivre la voie de la raison, en épargnant au pays des mois de luttes de pouvoir.

Au-delà de la situation de blocage, relève la Frankfurter Rundschau, les électeurs ont adressé des signaux clairs : pour la première fois, les Verts font leur entrée au Parlement, même si leur résultat reste en deçà des attentes. Les sociaux-démocrates obtiennent leur meilleur score depuis la chute du Rideau de fer. Et l’ODS a tout de même gagné onze points, devenant le parti le plus fort. La formation d’un gouvernement est certes une équation à plusieurs inconnues, mais on est tout de même loin d’une crise de l’Etat, estime le journal.

Pour le Tagesspiegel également, le résultat est sans équivoque. Seize ans après la chute du rideau de fer, la société tchèque est profondément divisée. Les dix millions de Tchèques sont à la recherche de leur place sur l’échiquier politique et cette place dépend de leur situation sociale. D’un côté, il y a ceux qui ont pris le tournant à temps, fait des études supérieures à l’étranger et peuvent vivre à Prague avec un salaire au niveau quasi-occidental. De l’autre, il y a ceux qui sont restés sur le carreau, parce que trop vieux pour assumer le changement ou pas assez qualifiés, et qui se battent avec quelques centaines d’euros par mois. Et les deux groupes sont à peu près équivalents.

Pour les deux partis opposés, écrit la Süddeutsche Zeitung, il y a assez de tâches communes à accomplir. Comme les autres pays d’Europe centrale et de l’Est, la République tchèque ne doit pas seulement en finir une bonne fois pour toutes avec le poids de l’héritage communiste, mais également s’attaquer aux problèmes de la population à l’époque de la mondialisation. La réforme des retraites et du budget, la lutte contre la corruption ou encore le développement du réseau de transports… tant de sujets que deux partis pourraient aborder avec plus de force ensemble que tout seul.