Qui va prendre la tête de la mission de paix au Darfour?
8 mars 2006En principe, la mission de paix de l’Union africaine dans la province du Darfour devrait s’achever le 31 mars. Une mission forte de 7000 hommes en place depuis 2004. Seulement voilà, si l’Union semble prête à passer le témoin à l’ONU, le gouvernement soudanais, lui, s’y oppose fermement. Le président Omar al-Béchir a même averti que le Darfour serait un cimetière pour les troupes étrangères qui seraient dépêchées sans son accord. Pourtant, la situation est critique comme l’explique Gerhart Baum, ancien rapporteur de l’ONU pour les droits de l’homme au Soudan.
« Cela fait trois ans qu’il en est ainsi. En dépit de quelques progrès ponctuels, rien n’a véritablement changé. Tous les efforts faits dans ce sens ont été vains, y compris ceux de l’Union européenne. C’est vraiment une honte que la communauté des peuples n’ait pas tiré les leçons des catastrophes précédentes. Ce qui est absolument nécessaire désormais, c’est de renforcer la mission de paix. Elle doit être transférée sous mandat onusien et passer de 7000 à 20 000 hommes, sans quoi la protection de la population civile et le retour des réfugiés ne seront pas assurés. »
Renforcer la mission de paix, c’est ce que souhaitent les membres de l’Union européenne, même s’ils sont rarement d’accord sur l’attitude à adopter vis-à-vis du Soudan, pour cause d’intérêts divergents. Pour Gerhart Baum, il faut accentuer la pression sur Khartoum.
« L’Union européenne devrait penser à adopter des sanctions contre les personnes, ce que le Conseil de sécurité n’a pas eu le courage de faire. Il n’y a que la pression extérieure qui puisse faire changer les choses. Les nouvelles qui nous parviennent de Khartoum sont des plus inquiétantes. On oblige la population à manifester contre les Etats-Unis et contre l’ONU. Le régime est en train de s’armer. Tout cela montre que l’on va tout droit vers un règlement militaire, et non pacifique, de la crise. »
Aujourd’hui encore, des milliers de Soudanais ont manifesté à Khartoum contre tout déploiement de forces de l'Onu au Darfour. Reste à voir ce que décidera le Conseil de paix et de sécurité vendredi à Addis Abeba.