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Qui profite des révélations de WikiLeaks ?

29 novembre 2010

Les journaux allemands de ce lundi considèrent avec une certaine dose de méfiance la nouvelle croisade médiatique du site internet WikiLeaks, qui s'est spécialisé dans les scoops retentissants. Doit-on tout publier ?

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The Guardian a eu accès en exclusivité aux notes diplomatiquesImage : dpa

Pour la Süddeutsche Zeitung, ces révélations de WikiLeaks sont déroutantes et elles peuvent être dangereuses. Lorsque des sonneurs d'alarme révèlent des secrets bancaires du Liechtenstein, c'est sans doute illégal, mais c'est aussi un service rendu à la société. Mais où est l'intérêt supérieur en publiant ces notes diplomatiques américaines ? Celui de montrer l'hypocrisie de la diplomatie ?

USA Wikileaks Außenministerium in Washington Gebäude
Un coup dur pour le département d'Etat et le gouvernement américainsImage : AP

Il est juste de s'opposer à la culture du secret des administrations. Mais, poursuit la Süddeutsche Zeitung, lorsque des médias le font, ils peuvent analyser les informations, les classer, protéger les droits des personnes. Lorsque WikiLeaks met en ligne de telles quantités de matériel brut, il manque ce genre de garanties.

C'est la trahison au service de l'instruction du public, commente avec ironie die tageszeitung. Aujourd'hui, nous allons savoir à quel point l'administration américaine prend Guido Westerwelle pour un benêt, ce que l'on y pense des acteurs politiques au Proche-Orient et quelle appréciation on a, à Washington, du ministre de l'Intérieur moldave. Nous verrons bien si cela sera bon à autre chose qu'à jeter un coup d'œil sous les couvertures. Qui se souvient encore des avant-dernières révélations de WikiLeaks ? Et die tageszeitung de souligner que les vrais bénéficiaires de ces révélations, pour le moment, ce sont WikiLeaks et les grands médias associés, qui obtiennent des informations exclusives.

Wikileaks Der Spiegel
"Comment l'Amérique voit le monde", en couverture du Spiegel le 28 novembreImage : picture-alliance/dpa

Des informations que la Frankfurter Rundschau qualifie d' « indiscrétions non-diplomatiques ». La mise à disposition du public de secrets n'est pas une fin en soi. WikiLeaks brise le sceau du silence et cela, aussi, pour des correspondances qui auraient dû rester secrètes pour des raisons tout à fait compréhensibles. Un diplomate doit pouvoir s'exprimer de manière non-diplomatique dans des dépêches confidentielles à son gouvernement. Et il ne peut le faire que s'il ne craint pas d'être cité quelque part. Certaines choses doivent s'incliner devant la nécessité du secret. Et la diplomatie n'est en cela, pas différente, d'autres formes d'activités.

Auteur : Sébastien Martineau
Edition : Jean-Michel Bos