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Qui peut servir de médiateur dans la crise entre Israël et le Hezbollah?

Audrey Parmentier20 juillet 2006

Le conflit entre Israël et le Hezbollah entre donc dans sa deuxième semaine, et il n’y a aucune sortie de crise à l’horizon. Au contraire, l’intensité des attaques augmente de jour en jour, de même que le nombre de victimes. Les journaux allemands se demandent aujourd’hui qui pourrait servir de médiateur dans cette crise.

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Ce ne seront pas les Etats-Unis, répond le « Tagesspiegel ». Certes, il fut un temps où ils jouaient ce rôle parce qu’ils pouvaient garantir le droit à l’existence d’Israël. Mais cette époque est bel et bien révolue, enterrée sous les décombres d’une politique étrangère qui a cédé sa place aux instruments de pouvoir du Pentagone. Et pourtant, souligne le journal de Berlin, il y a eu des présidents à la Maison Blanche qui étaient suffisamment sûrs d’eux pour avoir le courage de renforcer la paix. Que les Européens reprennent ce rôle-là, ce n’est pour l’instant qu’un vœu pieux.

Autre rêve, celui d’une troupe d’intervention neutre dans la guerre entre Israël et le Hezbollah. Il faut être naïf pour croire à une telle armée tampon, affirme la « Süddeutsche Zeitung ». Le conflit au Proche-orient nous enseigne que la neutralité à long terme n’existe pas. Celui qui prend part aux débats perd rapidement son innocence. Bien sûr, explique le journal de Munich, il est pensable que l’ONU mandate une troupe d’intervention. Mais seuls les Etats-Unis peuvent concrétiser militairement un tel mandat. Or cette idée ne les intéresse pas. On reproche volontiers aux Etats-Unis – et à juste titre selon le journal – d’assister à l’escalade de la violence en spectateurs passifs et d’ignorer toutes les solutions pacifiques. En 6 ans le gouvernement Bush a gâché chaque occasion diplomatique qui s’est présentée.

En tout cas, poursuit la « Süddeutsche Zeitung », les Etats-Unis et l’Iran ont tout de suite perçu que la dimension du conflit va bien au-delà des combats. Le Liban est un bac à sable où se joue en miniature ce qui menace l’ensemble de la région : le conflit entre le fondamentalisme islamique et la modernisation réformatrice, le conflit pour l’hégémonie entre les USA et l’Iran, au détriment du Liban, tissu unique de communautés et de cultures, le seul capable de lancer l’idée de démocratie dans un environnement antidémocratique selon Adonis. Pour le poète syrien, la destruction de ce pays signifierait une régression, un retour de trente ans en arrière, le retour à une époque de prophéties, d’apocalypse, de guerre, et de désespoir. Un retour au temps des ténèbres.

« Prétentions à l’hégémonie », c’est justement le titre du commentaire de la « Frankfurter Rundschau ». Pendant que Bush laisse courir l’offensive terrestre encore quelques jours, les mollahs ne font rien pour encourager le Hezbollah à la modération. Mais les victimes de cette bataille sont les civils, entre Tyr et Tripoli, Nahariya et Haifa.

La « taz », elle, s’en prend à l’Etat hébreu : « En tant qu’amis d’Israël, nous avons le devoir de critiquer tout haut le gouvernement. » Une citation de Mario Vargas Lhosa, à qui le journal de gauche donne longuement la parole. D’après l’écrivain péruvien, la supériorité d’Israël sur ses ennemis dans la région était d’ordre politique et morale avant de devenir une supériorité militaire. Une puissance démesurée qui rend les pays arrogants mais les entraîne en même temps à leur perte.