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Quelle politique irakienne pour les Etats-Unis ?

Aude Gensbittel7 décembre 2006

Le rapport Baker sur l’Irak, qui recommende un désengagement des troupes américaines du pays, fait la une de nombreux journaux allemands. La presse commente également les déclarations du nouveau secrétaire américain à la défense, Robert Gates, qui a reconnu que les Etats-Unis n’étaient pas en train de gagner la guerre en Irak.

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Rapport de la commission Baker
Rapport de la commission BakerImage : AP

« Pensez-vous que nous sommes en train de gagner la guerre ? – Non Monsieur. » Question simple, réponse simple, écrit la Tageszeitung. Ce qui est nouveau, c’est de l’entendre de la bouche du secrétaire américain à la défense. Les propos de Robert Gates sont bien éloignés de ceux que son prédécesseur Donald Rumsfeld et le président Bush tenaient jusqu’aux élections du mois dernier. Toutefois, ni le nouveau chef du Pentagone ni les recommandations de la commission Baker ne garantissent que la situation s’améliore en Irak.

Même si la commission Baker parle « d’aller de l’avant », il s’agit avant tout de limiter les dégâts, estime de son côté la Frankfurter Rundschau. Le rapport reflète un changement de mentalité : la puissance mondiale abandonne l’illusion qu’elle peut transformer le Proche et le Moyen-Orient par le biais militaire. La seule chose qui reste à faire c’est de se retirer. Mais les Etats-Unis ne peuvent pas se contenter de quitter les lieux. La situation doit d’abord être un tant soit peu stabilisée, avant que les Américains ne puissent se libérer du piège qu’ils ont créé eux-mêmes en Irak.

Pour la Frankfurter Allgemeine Zeitung, il n’existe pas de formule magique pour mettre un terme à la violence des milices, des extrémistes irakiens et des djihadistes infiltrés dans le pays. Suffit-il de retirer les troupes américaines et d’augmenter la pression sur le gouvernement à Bagdad ? Même la commission n’a pas de solution de sortie élégante à proposer. Elle suggère que le gouvernement crée des liens directs avec la Syrie et l’Iran, voisins de l’Irak, pour en faire des partenaires de stabilité. Que cela soit ou non indispensable et prometteur, il est en tout cas difficile d’imaginer que George W. Bush, qui avait jusque-là fait la sourde oreille à ce genre d’idée, retrouve soudain l’ouie après la lecture du rapport.

Enfin le journal die Welt estime que les Etats-Unis ne devraient pas oublier les leçons tirées de la guerre du Vietnam. Le retrait américain de l’époque avait été considéré comme un signe de faiblesse par l’Union Soviétique, qui avait alors enclenché une politique d’agression en Afrique et en Afghanistan. L’heure est peut-être au soulagement aux Etats-Unis. Mais pour Washington, ainsi que pour Berlin, l’impact du rapport Baker sur le Hezbollah, sur le Hamas, sur Téhéran et sur la Corée du Nord, est à long terme bien plus important.