Quel avenir pour Schengen ?
13 mai 2011Pour la Frankfurter Rundschau : si le Danemark a donné l'exemple, à la suite d'un accord politique entre son gouvernement libéral-conservateur et un parti xénophobe, la même constellation existe aussi en France ou en Italie. Si rien ne s'oppose à une révision des accords de Schengen, symbole de l'idée européenne, il est dangereux de laisser ce dossier aux mains de partis et de dirigeants politiques peu sérieux.
De plus en plus, la politique européenne est déterminée par le populisme de droite, lance la Tageszeitung. Depuis des années, le Danemark cèdent régulièrement aux exigences du Parti Populiste Danois. Après les étrangers, c'est maintenant l'Europe que vise le PPD. Et les conservateurs et les libéraux ne sont pas les seuls à s'incliner : les sociaux-démocrates et les partis de gauche baissent eux aussi pavillon. Autrefois, le Danemark était symbole du libéralisme dans le monde. Ce n'est hélas plus le cas aujourd'hui, conclut le quotidien de Berlin.
La Süddeutsche Zeitung revient sur la condamnation de l'Ukrainien, John Demjanjuk, ancien gardien au camp de concentration de Sobibor pendant la Deuxième Guerre Mondiale. Cinq ans de prison, c'est une peine moyenne infligée normalement à l'auteur d'un hold-up, s'étonne le journal. Les crimes de John Demjanjuk méritent-ils si peu? Bien sûr que non. Mais il n'est pas nécessaire de jeter en prison un vieillard, même auteur de multiples crimes. Il faut par contre le condamner et acter de ses crimes. La condamnation est une démarche dans ce sens, pas le montant de la peine.
Enrôlé de force par la soldatesque nazie, Demjanjuk était le dernier maillon de la chaîne de l'horreur, constate la Frankfurter Allgemeine Zeitung. Jusqu'en 1970 encore, les tribunaux allemands faisaient preuve de mansuétude à l'égard des personnes dévolues aux basses œuvres de la dictature nazie. Par contre, pour condamner Demjanjuk, le tribunal de Munich s'est contenté hier de sa carte d'identité de l'époque pour le déclarer complice.
Coupable par manque de preuves, voilà une nouvelle catégorie pénale, critique die Welt. Certes, il faut juger les quelques criminels nazis encore vivants. Mais quand les juges de Munich décident que la seule présence de ce gardien à Sobibor est une preuve suffisante de sa complicité, ils confondent droit pénal et histoire politique.
Auteur : Christophe Lascombes
Édition : Yann Durand