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Que reste-t-il de Bonn?

Konstanze von Kotze, Carine Debrabandère18 mai 2009

Qu'est-il advenu de cette ville qui fut de 1949 à 1990 la capitale fédérale provisoire, de 1990 à 1999 siège du gouvernement et qui est la seule dans le pays à porter, depuis 1994, le titre de ville fédérale?

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Le chancelier Helmut Kohl reçoit à Bonn Erich Honecker, l'homme fort de RDA, en 1987Image : picture-alliance / dpa

Pendant que Berlin célèbre le 60e anniversaire de la République fédérale d'Allemagne et les 20 ans de la chute du Mur de Berlin, que se passe-t-il donc à Bonn? Qu'est-il advenu de cette ville qui fut de 1949 à 1990 la capitale fédérale provisoire, de 1990 à 1999 siège du gouvernement et qui est la seule dans le pays à porter, depuis 1994, le titre de ville fédérale? Tour d'horizon de la cité qui a contribué de manière décisive à rendre à l'Allemagne son prestige international.

Kanzlerbungalow
Le KanzlerbungalowImage : Tomas Riehle, Wüstenrot Stiftung

« La particularité de ce bâtiment c’est qu’il est composé de deux carrés, décalés. Un grand carré de 24 mètres sur 24 et un petit carré de 20 mètres sur 20. Le plus grand est destiné à toutes les manifestations représentatives tandis que dans le petit carré on trouvait la partie privée »

Judith Koppetzch, chargée de la protection des monuments historiques, a de quoi se réjouir. Après trois ans de rénovation, le Kanzlerbungalow vient d’ouvrir ses portes au public. Un beau cadeau d’anniversaire pour les habitants de Bonn qui pendant des années ont cohabité dans la même ville que les chanceliers allemands. Si Konrad Adenauer s’est contenté de sa demeure privée dans les environs de Bonn, ses successeurs, de Ludwig Erhard à Gerhard Schröder, se sont tous servis du Kanzlerbungalow, au moins pour recevoir.

Unterzeichnung Grundgesetz 1949
Konrad Adenauer lors de la signature de la Loi fondamentale, le 23 mai 1949Image : AP

En 1949 lorsque la ville sur les bords du Rhin est choisie pour devenir la capitale provisoire de la République fédérale, il est clair pour tout le monde que c’était un choix provisoire. Mais plus les années passent, plus Bonn se doit d’être le reflet de l’ancrage du pays à l’ouest. Cord von Roenne est un Rhénan de cœur. Des années durant, il a travaillé au ministère fédéral de la Défense – l’un de ceux qui, aujourd’hui, a toujours son siège à Bonn – un poste idéal pour suivre l’évolution de la capitale provisoire :

« A partir des années 70, sous Helmut Schmidt, on a commencé à se dire que sans oublier le caractère provisoire de Bonn en tant que capitale, il fallait investir plus de moyens dans la ville parce qu’on ne savait tout simplement pas combien de temps elle resterait la capitale provisoire. Et c’est comme cela qu’au fil du temps, Bonn a pris de plus en plus des airs de capitale. A la fin des années 80, le gouvernement disposait d’un appareil d’Etat bien établi et fonctionnel »

Et c’est à ce moment là qu’a eu lieu la chute du Mur puis la réunification. Un choc pour Bonn

« Et tout d’un coup, la question a surgit. Bonn va-t-elle rester la capitale fédérale ou pas ? Il y avait un camp qui pensait qu’on ne pouvait pas se le permettre du point de vue financier. Ce à quoi l’autre camp répondait furieux que Berlin devait redevenir la capitale, que c’était inscrit dans le Préambule de la Loi fondamentale. Ce n’était pas vraiment une querelle mais disons que chacun avait son avis. Et puis pour beaucoup Berlin était loin, très loin de Bonn »

Deutschland 60 Jahre Kapitel 5 1989 – 1999 Tag der Deutschen Einheit
Image : picture alliance / dpa

600 kilomètres évidemment, ce n’est pas négligeable. Qu’à cela ne tienne ! En 1990, le traité d’unification stipule que Berlin sera la capitale de l’Allemagne réunifiée. L’année suivante la chambre basse du Parlement allemand décide du transfert des institutions de Bonn vers Berlin. Et en 1994, la loi Berlin-Bonn garanti à la ville rhénane le maintien d’importantes fonctions gouvernementales, la sacre « deuxième centre politique de la République fédérale » et lui octroie 2,8 milliards de Deutsche Mark soit 1,4 milliards d’euros pour sa restructuration.

« La grande question à partir de là était : comment faire pour maintenir Bonn en vie. L’une des nombreuses idées a été – et c’est inscrit dans la loi Berlin-Bonn – de faire de Bonn une ville d’accueil pour les organisations internationales et supranationales. Les Bonnois ont bien-sûr salué cette décision et après avoir reçu pendant des années des ambassadeurs, leurs familles et leurs employés, ils étaient déjà habitués à recevoir le monde chez eux. C’est peut-être l’une des raisons qui explique que les étrangers et les organisations se sentent très bien ici, se sentent bien accueillis »

Harald Ganns sait de quoi il parle : il est conseiller auprès du bureau d’informations des Nations Unies à Bonn, baptisé entre temps la ville allemande de l’Onu. Dix neuf organisations onusiennes y sont implantées aujourd’hui.

BdT Einzug ins UNO Gebäude beginnt
Le siège de l'Onu à BonnImage : AP

« Il est clair que Bonn n’est pas un no mans land perdu en Rhénanie. La ville reste un haut lieu de réunions pour les organisations internationales. Et évidemment c’est très important pour son prestige et sa réputation mais aussi pour son dynamisme économique. L’Onu attire par exemple de nombreuses conférences qui génèrent un véritable commerce ».

Une ville fière donc. Fière de son passé, de son présent et de son avenir. De quoi faire taire les voix ironiques ou critiques qui prédisaient de tristes lendemains de réunification à Bonn.