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Quand une juge allemande s'appuie sur le Coran

Audrey Parmentier22 mars 2007

A Francfort, une juge a refusé d’accorder le divorce immédiat à une femme d’origine marocaine battue par son mari, au motif que le Coran ne condamne pas ces traitements. Un jugement qui suscite critiques et indignation au sein de la classe politique allemande.

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Image : AP

C’est bien sûr la ministre de la justice Brigitte Zypries qui a réagi la première, qualifiant cette attitude d’incompréhensible tout en précisant qu’il s’agit là d’un cas isolé :

« Il faut relire le verdict entièrement pour constater que cette juge n’est certainement pas partie du fait que le Coran était au-dessus de la loi fondamentale. Il arrive parfois que ce genre de décisions exceptionnelles soient prises, des décisions qui, quand on les apprend par la presse, laissent sans voix. »

Sans voix, pas vraiment puisque les critiques ont immédiatement fusé. Il n’y a qu’à lire la presse du jour pour s’en rendre compte : « Au nom du peuple: les coups sont autorisés » titre le journal de gauche Taz tandis que le quotidien populaire Bild se demande « Mais où vivons-nous ? ».

De son côté, le Conseil central des musulmans d’Allemagne a tout de suite tenu à préciser que la violence et les mauvais traitements étaient des motifs de divorce aussi dans l'islam.

Pour Wolfgang Bosbach, vice-président du groupe parlementaire CDU/CSU, un tel verdict constitue un danger pour le système juridique allemand:

« En tant que juge habilité en Allemagne, on ne peut pas sérieusement défendre l’idée qu’une femme qui épouse un musulman accepte de soumettre son corps par ce mariage, qu’elle accepte des blessures corporelles. Nous devons empêcher que la charia s’immisce peu à peu dans la juridiction allemande. »

Le porte-parole des Verts chargé des questions religieuses Joseph Winkler, souligne quant à lui qu’aucune référence religieuse ne doit interférer dans les décisions de justice :

« Il n’est pas question ici de l’interprétation de la Bible ou du Coran. Ce qui fait référence c’est le code civil et la loi fondamentale, ce sont les deux références, et il n’y en a pas d’autre. »

La juge a été dessaisie de l’affaire. « Il n’est pas inhabituel que l’homme exerce son droit de punir sa femme au sein des couples arabes » avait-elle écrit alors que sa cliente avait déposé en octobre une demande de divorce immédiat, estimant que son mari était devenu un danger pour elle.