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Quand le vélo ne tourne plus rond: mensonges, larmes et EPO

Sandrine Blanchard25 mai 2007

Les journaux allemands de ce matin font presque tous leur Une sur le visage défait et les aveux larmoyants du champion cycliste Erik Zabel. Le „roi du sprint“ a avoué hier lors d’une conférence de presse qu’il s'était dopé à l'EPO lors de la première semaine du Tour de France de 1996. Après ceux de Jan Ullrich, ces aveux relancent, chez les éditorialistes, la polémique sur le dopage et, plus largement, sur le sport de haute compétition, qui se doit désormais d’être à grand spectacle.

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Des champions à l'arrière-goût d'érythropoïétine... ou EPO
Des champions à l'arrière-goût d'érythropoïétine... ou EPOImage : dpa - Report

„Toi aussi, Zabel!“ titre la Bild-Zeitung. Le journal à grand tirage est déçu par le roi du sprint et écrit qu’après Jan Ullrich, un autre héros du sport allemand est tombé".

Même ton épique dans Die Welt, qui compare les sportifs de haut niveau d’aujourd’hui aux gladiateurs de l’antiquité. Sauf que nous ne vivons et ne voulons pas vivre dans la Rome antique, poursuit le quotidien. Notre société a décidé de se doter de règles auxquelles tout homme éclairé doit se conformer. Et c’est justement cette image de l’Homme moderne qui est contrecarrée par des institutions qui ont pourtant pour mission d’œuvrer pour le bien public.

La Frankfurter Allgemeine Zeitung rappelle quant à elle que le dopage chez les cyclistes, on en parle depuis plusieurs années. Les aveux d’au moins six membres de l’équipe allemande T-Mobile ne constituent donc pas une surprise. Non, la véritable surprise, c’est que le sponsor, l’opérateur téléphonique Deutsche Telekom, reconduise non seulement son contrat publicitaire mais aussi Rolf Aldag à la tête de l’équipe. Une stratégie que la FAZ qualifie de « dangereuse » pour l’entreprise : en cas de nouveaux aveux de dopage, l’image du groupe en prendrait un sérieux coup.

La Frankfurter Rundschau propose, pour sauver le cyclisme, la mise en place d’une commission-vérité à l’image de celle instaurée en Afrique sud et conduite par Desmond Tutu entre 1996 et 1998. Car l’équipe allemande n’est pas un cas isolé. D’ailleurs la première page du quotidien montre bien sa méfiance : sont publiées en Une les portraits des coureurs passés aux aveux, avec une case encore vide pour le prochain.

La Süddeutsche Zeitung enfin préconise une révision à la baisse des attentes au sein du public. Il faut zapper quand on regarde le cyclisme dopé à la télé, comme il faut refuser de faire ses courses dans une entreprise qui encourage la corruption.

Quand on est le marché-cible, on a le pouvoir