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Prostitution masculine : les oubliés du pavé

14 novembre 2007

Le sort des hommes prostitués n’est pas plus enviable que celui des femmes : à Berlin, une association a pris la mesure de leur désarroi et de leur détresse. Chaque semaine, Subway organise des tournées dans les quartiers chauds pour leur prêter assistance. L’assocation leur propose aussi un abri pour dormir et des sanitaires pour se laver.

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Les femmes ont déjà du mal à se faire entendre lorsqu’elles font le trottoir... mais les hommes qui se prostituent, eux, ont encore moins voix au chapitre. Pourtant, même s’ils ne figurent pas sur les dépliants touristiques, ces travailleurs du sexe masculins font aussi partie du paysage des grandes villes comme Berlin.

Berlin, où l’association „Sub/Way“ s’est créée en 1994. Son objectif : venir en aide à ces prostitués. Ils ont pour la plupart entre 14 et 25 ans. Une fois par semaine, une équipe de l’association fait le tour des « quartiers chauds » de la capitale, pour leur distribuer des préservatifs, parler avec eux, et leur offrir un peu de réconfort. Déambulation de nuit, chez les „oubliés du pavé“, un reportage signé Magnus Rosengarten et Sandrine Blanchard.

Tout est prêt : préservatifs, gels lubrifiants, brochures, soupes en sachets, cacao.... et même l’eau chaude. Les travailleurs sociaux de « Sub/Way » peuvent commencer leur tournée nocturne...

Premier arrêt : une gare de Berlin aux abords de laquelle la plupart des prostitués sont toxicomanes. Une rue adjacente est barrée pour le tournage d’un film. C’est là que se gare l’équipe de l’association. Bien vite, deux jeunes hommes viennent à sa rencontre. Le visage blafard et émacié, les yeux cernés, ils refusent de parler dans le micro, de peur que leur voix ne soit identifiée. Tout ce qu’ils veulent, ce sont des boissons chaudes. Et pour se réchauffer, ce soir, il y a soupe au menu.

Helmut Wanner est assistant social. Il fait partie de l’équipe de Sub/Way depuis plusieurs années. Il connaît l’histoire personnelle des jeunes gens dont il s’occupe, il connaît même leur prénom. Des liens qui ne facilitent pas toujours son travail:

« Le pire c’est quand il y en a un qui meurt, et malheureusement, ça arrive très souvent... Ben oui, c’est difficile. Mais chacun se débrouille comme il peut. Quand ça arrive à des jeunes que je ne connaissais pas trop, c’est moins dur, mais quand c’est ceux que je connaissais très bien, ça me rend triste. Y a pas d’autre mot... »

Après deux heures passées à la gare, l’équipe de « Sub/Way » reprend la route. Cap sur un autre « quartier chaud ». Le long des trottoirs, ils attendent, le corps moulé dans des habits de couleurs vives, perchés sur leurs chaussures à semelle compensée. Parmi eux, il y a des travestis, c’est-à-dire des hommes habillés en femme, mais aussi de véritables transsexuels, comme Leyla. Après plusieurs années de traitements hormonaux, Leyla est une femme depuis la fin de l’été. La prostitution ? Elle ne l’a pas vraiment choisie :

« En fait, je déteste faire le tapin, mais j’ai besoin de cet argent... ben oui : pour les fringues, par exemple... pour subvenir à mes besoins, plein de trucs. »

La plupart des jeunes garçons dont s’occupe Sub/Way viennent d’Europe de l’Est et ne parlent quasiment pas allemand. Heureusement, dans l’association, il y a Sergio Prinalski. Il peut s’adresser aux jeunes hommes dans leur langue maternelle.. et sait, surtout, trouver les mots pour parler de leur détresse :

« En général, on peut partir du principe qu’ils n’ont pas pu aller à l’école, ce sont des gens qui font le trottoir par nécessité économique. »

Les portes du siège de « Sub/Way » sont ouvertes, elles aussi. Derrière la façade grise, les jeunes gens trouvent un abri pour dormir, et de quoi se laver. Une fois par semaine, un médecin y propose des consultations gratuites. C’est le seul moyen pour les garçons d’avoir accès à des soins médicaux. Car en plus d’être irréguliers, leurs revenus sont aussi très bas. Helmut Wanner :

« Je crois que 50 euros est un prix correct pour une passe, mais souvent, le client ne paie pas. Et puis parfois, il discute le tarif et la passe ne coûte plus que quelques euros. Ça dépend si le garçon a vraiment besoin d’argent rapidement ou pas. »

Dernière étape de la soirée : les bars gays. Elégants, les garçons qui attendent sur les tabourets ne ressemblent pas du tout aux jeunes drogués du quartier de la gare. Les clients, eux, sont moins coquets, plus âgés, plus ventrus :

« C’est le seul endroit lucratif, où les garçons gagnent vraiment de l’argent. »

Mais ici aussi, on retrouve la même détresse. Et malgré cela, les assistants sociaux de « Sub/way » gardent espoir, à l’instar de Sergio :

« Il y a beaucoup de jeunes prostitués dont la vie a pris un tour plus positif grâce à notre action. C’est déjà énorme. Il y a peu de structures qui peuvent en dire autant. »

Mais l’association lutte elle aussi pour sa survie. Les fonds alloués par la municipalité de Berlin sont insuffisants et les travailleurs sociaux comptent sur la générosité de donateurs privés. Parce que chaque aide supplémentaire augmente les chances des jeunes prostitués de s’en sortir.

A écouter aussi dans cette émission :

  • Regards croisés :

En Suisse, l’association Male Sex Work offre également une assistance juridique à ces « travailleurs du sexe».

  • Reportage : Russie

Ce vestige de la Guerre Froide est digne des films de James Bond. A Moscou, a quelques mètres seulement d'un carrefour tres fréquenté de la ville, 60 mètres sous terre, 600 mètres de tunnel ont servi pendant des années, de 1956 à 1985, de «quartier général militaire». Dans le plus grand secret, 1500 personnes s'affairaient chaque jour dans ce centre stratégique. Leur mission : assurer les liaisons téléphoniques et télégraphiques du pays et la défense aérienne de la région de Moscou en cas d'attaque nucléaire. Aujourd'hui, le bunker appartient a une compagnie privée, qui souhaite en faire un centre de loisirs avec un musée sur la guerre froide, un restau et même… un spa !

  • Portrait :

Vytautas Landsbergis, 75 ans, député européen, reste avant tout le père de l'indépendence lituanienne .

  • Carnet de voyage :

Fabrice Tulane, motard, auteur de Roues Libres, récit de 8 années passées à parcourir 270 000 kilomètres sur les cinq continents à travers 46 pays. Il relate ses aventures européennes.