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Prolongation du mandat de la Bundeswehr en Afghanistan

Sandrine Blanchard1 octobre 2004

Le Bundestag a décidé de prolonger d’un an le mandat de la Bundeswehr en Afghanistan. Près de 2000 soldats allemands sont stationnés dans le pays, dans le cadre d’une mission de maintien de la paix, et d’aide à la reconstruction, notamment au sein des forces internationales de sécurité, des troupes de l’ISAF. À une semaine de l’élection présidentielle afghane, et alors que la violence va crescendo sur le terrain, les journaux commentent la décision du parlement.

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Peter Struck, Ministre de la Défense, sur le terrain
Peter Struck, Ministre de la Défense, sur le terrainImage : dpa

Hormis le PDS communiste et libéraux du FDP, les députés ont massivement voté en faveur de la prolongation du mandat allemand. Ils restent ainsi dans leur grande majorité convaincus de la justesse de la mission de la Bundeswehr, surtout après la récente attaque contre une base allemande à Kunduz. Cependant, derrière ce consensus apparent, la Frankfurter Rundschau distingue plusieurs questions qui restent en suspens. Notamment, dans les rangs de l’opposition, sur la distance à garder, l’éventuel envoi de renfort sur le terrain, ou les détails de la mission, qui, selon les conservateurs, « relèvent du gouvernement ». En d’autres termes : « si ça tourne mal, ce ne sera pas de notre faute ». Et le journal d’applaudir le courage des parlementaires.

La Frankfurter Allgemeine Zeitung, elle, souligne le scepticisme latent de certains membres de la CDU/CSU. Des députés conservateurs ont en effet recueilli des signatures en début de semaine, contre un élargissement de la mission à Faizabad, ville jugée trop dangereuse et l’équipement des soldats allemands trop insuffisant. Quant aux libéraux, rapporte le journal, ils ont tout bonnement taxé l’action de la Bundeswehr de « flop » dû à l’absence de concept stratégique digne de ce nom derrière la mission.

C’est aussi l’avis de Die Welt. Le journal écrit qu’il ne s’agit pas de trahir les troupes, mais que l’échec tient du concept même d’ « armée parlementaire » cher aux Allemands. La retenue quant au prolongement de la mission s’explique par le fait, poursuit le journal, que le fossé est grand, entre l’idée qu’on se fait d’une mission de paix et la réalité sur le terrain, où les soldats allemands sont souvent obligés, face aux terroristes et aux trafiquants de drogue, de faire machine arrière.

La Süddeutsche Zeitung analyse quant à elle l’idée répandue que les attaques de Kunduz auraient été liées à l’imminence du vote à Berlin. Théorie du complot ! répond le quotidien de Munich : ceux qui tirent en Afghanistan sur des soldats étrangers ne le font pas pour influer sur la politique intérieure du pays des soldats. Ce qui compte pour les terroristes, c’est de destabiliser la capitale et le pays à quelques jours des élections afghanes. Par ailleurs, le ministre de la Défense, Peter Struck, a bien insisté sur le fait qu’il ne s’agissait pas pour la Bundeswehr d’une mission de routine. Pourtant, le journal estime que si routine il y a, c’est bien que, désormais, les missions de la Bundeswehr dans des pays plus ou moins éloignés seront une constante de la politique étrangère allemande. Revirement à 180° de l’attitude traditionnelle de la RFA. Et si le chancelier parle d’une « normalisation de la relation à l’armée », la SZ, elle, considère ce changement capital comme « une normalisation de la relation à l’armée chez ceux qui, autrefois, étaient encore de gauche ».