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Procès Motassadeq : bis repetita

Yvon Arsenijevic11 août 2004

Depuis hier mardi, le Marocain Mounir el-Motassadeq est de nouveau devant ses juges à Hambourg. Membre présumé de la Cellule de Hambourg (celle de Mohammed Atta, l’un des pilotes du 11 septembre) accusé de complicité dans les attentats de 2001, il a déjà été condamné en 2003 à 15 ans de réclusion criminelle. Jugement cassé pour non respect des droits de la défense. Et le nouveau procès semble prendre le même chemin que le premier. Les journaux allemands expliquent pourquoi.

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Mounir el-Motassadeq dans une rue de Hambourg en 2001
Mounir el-Motassadeq dans une rue de Hambourg en 2001Image : AP

L’air désinvolte, arrivant en retard à l’audience, voilà comment la THÜRINGER ALLGEMEINE nous présente l’accusé : un Motassadeq déjà assuré, explique le journal d’Erfurt, de ne pas avoir à s’inquiéter outre mesure d’une éventuelle confirmation du premier verdict.

Pour la bonne raison qu’on va une fois de plus vers un procès sans preuves, écrit DIE WELT dans un éditorial intitulé « La bataille des justices ». Des preuves dont on aurait pourtant bien besoin, insiste notre confrère de Berlin, comme par exemple la comparution comme témoin de deux grandes pointures d’Al-Qaida semble-t-il déjà aux mains de la justice américaine. Seulement voilà, le plus grand État de droit du monde s’y oppose, offrant à la justice allemande des procès-verbaux d’interrogatoires soigneusement expurgés pour seule contribution à la découverte de la vérité.

D’un côté, des Américains qui donnent dans le mystère et ne font pas confiance à la justice allemande, énumère pour sa part la LEIPZIGER VOLKSZEITUNG, et de l’autre, des Allemands qui, à cause de Guantanamo et des tortures dans les prisons d’Irak, doutent de la rectitude des enquêtes américaines. C’est déjà ce conflit qui a fait capoter le premier procès Motassadeq, constate le journal de Leipzig.

L’Amérique, souligne quant à elle la STUTTGARTER ZEITUNG, accorde manifestement plus d’importance à ses intérêts sécuritaires qu’à un procès juste ; et si rien ne devait changer dans cette attitude, les juges hambourgeois auront bien du mal à prononcer autre chose qu’un acquittement.

Revenant sur le refus américain de laisser comparaître des témoins, et de dire même si les témoins en question sont bien entre leurs mains, le MANNHEIMER MORGEN se demande ce que la justice de Washington va offrir alors aux juges de Hambourg : des brochures sur le terrorisme international ? Des articles du New York Times ? Ou des affiches électorales de George W. Bush ? Si Washington ne joue pas bientôt cartes sur tables, conclut le journal de Mannheim, le deuxième procès Motassadeq se terminera comme le premier, par un acquittement, une indignation mondiale et une claque retentissante pour la justice allemande.

Plus, renchérit la LEIPZIGER VOLKSZEITUNG, plus une amère défaite de la lutte contre le terrorisme !