Prix Nobel de médecine 2008
6 octobre 2008
Ils sont tous les 3 virologues et autre point commun, ils ont tous les 3 été extrêmement surpris par le coup de téléphone de Stockholm qui leur annonçait la bonne nouvelle. Et pourtant, Harald zur Hausen, de même que Luc Montagnier et Françoise Barré-Sinoussi sont à l'origine de la découverte de virus responsables de deux maladies mortelles très répandues le cancer et le Sida. Harald zur Hausen, qui a dirigé pendant 20 ans le Centre allemand de la recherche sur le cancer à Heidelberg, a su très tôt que le cancer était dû à certains virus mais il a dû essuyer les critiques de ses confrères:
«Pendant cette période, il n'a pas été facile de publier mes conclusions mais Dieu soit loué, elles se sont avérées véridiques. Mais entre 1972 et 1982, mes travaux ont été considérés avec un grand scepticisme.»
Mais au début des années 80, Harald zur Hausen a réussi à isoler le virus du papillome humain responsable du cancer du col de l'utérus, deuxième forme de cancer la plus répandue chez les femmes. Un vaccin a pu être développé comme l'explique l'actuel directeur du Centre allemand de la recherche sur le cancer, Otmar Wiestler:
«Une étape cruciale a été l'introduction d'un vaccin contre le virus du papillome humain. Notre centre, et tout particulièrement mon prédécesseur Harald zur Hausen, en a établi les bases pendant des décennies de travail, et une toute nouvelle possibilité de prévention du cancer a ainsi été créée.»
Le vaccin Gardasil est sur le marché européen depuis septembre 2006, il a été rejoint un an après par Cervarix.
De leur côté, Luc Montagnier et Françoise Barré-Sinoussi ont découvert l'existence du virus du Sida. Luc Montagnier a été le premier à l'isoler, c'était en 1983. Surnommé "père du virus", il a dû lutter pendant de nombreuses années contre le chercheur américain Robert Gallo qui revendiquait lui aussi cette paternité. Après de longues tractations et de procédures judiciaires, un accord a finalement été trouvé en 1987. Aujourd'hui, le Nobel rend justice au virologue français ainsi qu'à Françoise Barré-Sitoussi, chercheuse à l'Institut Pasteur, qui a rappelé qu'il n'y avait pas suffisamment d'argent pour la recherche.