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Privatisation de la Deutsche Bahn controversée

Yann Durand10 novembre 2006

Le patron de la Deutsche Bahn, Hartmut Mehdorn, et deux syndicats de transport ont salué la privatisation partielle du premier groupe ferroviaire européen. Le ministre Allemand des transports, Wolfgang Tiefensee, veut légiférer en ce sens au premier semestre 2007 pour pouvoir, deux ans plus tard, mettre au maximum 49, 9 % de la société en vente. Le gouvernement de grande coalition est finalement parvenu à un accord devant garantir l’intégrité du groupe et des emplois. L’opinion publique est cependant sceptique. La presse allemande s’en fait l’écho.

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Le siège du groupe ferroviaire "Deutsche Bahn" à Berlin.
Le siège du groupe ferroviaire "Deutsche Bahn" à Berlin.Image : AP

La Deutsche Bahn devrait donc bientôt entrer en bourse, mais plus de deux tiers des allemands n’approuvent pas, relève le quotidien Die Welt. L’entreprise serait alors définitivement livrée aux spéculateurs et aux requins de la finance. Imaginons que des options, liées au retard des trains, soient proposées et que leurs propriétaires fassent tout pour qu’ils n’arrivent effectivement pas à l’heure. On craindrait sans cesse que quelqu’un tire la sonnette d’alarme. Sans compter, ajoute le journal, que Mehdorn, le chef du groupe, délocalise naturellement les secteurs de production non rentables. Les trains de nuit à faible affluence, on les fait rouler à Taїwan ou en Corée du sud où c’est moins cher. Si la cotation de la Deutsche Bahn baisse, conclut Die Welt, on arrivera à des licenciements massifs et des milliers de voyageurs seront laissés sur les bas-côtés.

Pour les clients, une entrée en bourse n’apporte aucun avantage juge la Tageszeitung de Berlin, quoique suggère le gouvernement. La deutsche Bahn a même déjà annoncé qu’elle n’envisage pas investir les nouveaux milliards dans le secteur allemand, mais dans les marchés du transport est-européens. Elle poursuit ainsi sa politique de toujours, constate la TAZ. Par le passé elle a aussi principalement misé sur les sociétés internationales de logistique, qui acheminent des marchandises par camion, bateau et avion.

Ce gouvernement ne connaît pas l’immobilisme ; il est en mesure de réaliser d’importantes réformes. Seule cette image compte pour Angela Merkel, avance la Frankfurter Rundschau, le contenu est au mieux secondaire. Déjà le compromis de la réforme de la santé n’avait pu convaincre ni aplanir les différents. Le projet de la Deutsche Bahn est qualitativement similaire et l’opposition parle, avec raison, d’une entente formelle, affirme le journal qui constate que des mois durant, l’union et le SPD se sont battus autour de différents modèles de privatisation, mais qu’aujourd’hui de modèle il n’est plus question. Le ministre des transports a sonné la fin des débats juste au moment où le travail législatif, et donc la concrétisation devrait commencer.

Selon la Süddeutsche Zeitung, la concurrence privée peut être un salut parce qu’elle exige des prestataires de services étatiques de l’innovation et de l’imagination. Mais en fin de compte chaque société décide quelle valeur elle atteste à telle ou telle forme de mobilité. Le chemin de fer se porterait mieux, prédit le journal, si par monts et par vaux, autant de citoyens s’engageaient en faveur d’un réseau ferroviaire moderne que pour la construction d’autoroutes.