Premier rapport sur l'immigration
20 octobre 2004L’Allemagne a-t-elle vraiment besoin de ce genre de conseils pour maîtriser le dossier de l’immigration ? s’interroge sans détours les Stuttgarter Nachrichten. Il vaudrait mieux dépenser cet argent à autre chose. Lorsque madame Süssmuth souhaite que le droit des étrangers soit plus libéral, plus ouvert et plus généreux, elle n’indique pas aux dépens de qui tout ceci doit se faire. Et le journal de reprendre : les victimes en seraient nos chômeurs parmi lesquels se trouvent un grand nombre de personnes très qualifiées. Ce n’est pas ainsi qu’on réussit l’intégration.
Une opinion que ne partage pas la Neue Osnabrücker Zeitung qui reconnaît que ce rapport va générer des réactions violentes. Seulement, cela ne changera rien au fait que la commission a parfaitement raison. L’Allemagne a besoin de véritables compétences dans certains secteurs clés, notamment la santé et les technologies de l’information. Et si rien ne prouve qu’une immigration ciblée puisse compenser les conséquences des bouleversements démographiques, elle peut au moins en atténuer les effets.
Pour la Frankfurter Rundschau, ce rapport ne vaut pas tripette et va s’attirer à juste titre les foudres de l’opposition. Débordant d’idéologie et politiquement sans la moindre valeur, voilà les termes employés par le journal.
Die Welt quant à elle s’interroge : l’Allemagne a-t-elle besoin de 25 000 professionnels étrangers qualifiés ? Et surtout, de personnes qui, au contraire des titulaires d’un permis de séjour limité, seraient invités à rester durablement et à faire venir leurs familles ? Si l’on en croit la réaction pleine de réserve d’Otto Schily, le Ministre de l’Intérieur, rien n’est moins sûr.
La Süddeutsche Zeitung, elle, rend hommage au courage des membres de la commission. Rappelant que la lutte entre les partis politiques a été âpre lors de l’élaboration de la loi sur l’immigration, sous couvert de lutte contre le terrorisme, ses objectifs principaux, à savoir la maîtrise des flux de migration et l’intégration des étrangers dans la société allemande, n’ont alors joué qu’un rôle secondaire. Le mérite de la commission est de relancer la discussion sur ce point. Car la loi va entrer en vigueur dans quelques mois et il s’agit désormais d’en saisir toutes les chances. Car au bout du compte, c’est seulement ainsi que tous pourront en profiter.