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Poutine prépare sa sortie

Yann Durand27 avril 2007

La suspension de l’application du traité FCE par la Russie a été perçu comme un coup de semonce au sein de l'OTAN. Vladimir Poutine veut en outre faire échec au projet de bouclier anti-missile des américains pour s’assurer un départ avec les honneurs. C’est ce que l’on peut lire aujourd'hui dans les commentaires des journaux allemands.

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Vladimir Poutine
Vladimir PoutineImage : AP

Poutin critique le dispositif anti-missile et se veut menaçant sur la question, pourtant elle n’est pas le véritable enjeu, avance la Frankfurter allgemeine Zeitung. L’initiative de Washington est d’une dimension si modeste que l’inquiétude selon laquelle le potentiel stratégique de Moscou pourrait s’en trouver neutralisé, est ridicule, analyse la FAZ qui croit savoir pourquoi le Kremlin s’empare du sujet à des fins de propagande : Il veut semer la zizanie au sein de l’Otan et divisé l’Europe et les USA, en guise de vengeance pour l’élargissement à l’est de l’Alliance. Et afin que personne ne puisse intégrer dans l’OTAN, la Georgie et l’Ukraine, dont les velléités de démocratisation orange constituent un traumatisme pour Moscou, Poutine entonne un refrain du temps passé. Une forme de dissuasion en quelque sorte.

Poutine sait que l’État qu’il gouverne jusqu’à la fin de l’année est redevenu puissant. Selon la Frankfurter Rundschau il en déduit donc par exemple qu’il est à nouveau possible de montrer les dents aux américains. Ces derniers en élargissant l’Alliance atlantique jusqu’à la frontière balte de la Russie et en planifiant un dispositif anti-missile dans l’est de l’Europe centrale, menacent les intérêts dudit état. Pour lui s’en est trop. La proposition des USA d’installer ensemble le bouclier, Poutine l’a balayée sans ambages.

"Du Tapage pour l’histoire" titre la Süddeutsche Zeitung selon laquelle Poutine accentue le différent avec les Etats-Unis aussi parce cela sert sa postérité. Le plus remarquable est son émancipation du Traité sur les forces conventionnelles en Europe. C’est vrai qu’il n’a pas beaucoup d’autres possibilités de retarder le projet de Bouclier anti missile des USA en Europe de l’est. La nouvelle confrontation est cependant dangereuse, constate le quotidien, eu égard aux troupes russes toujours stationnées en Moldavie et en Géorgie que Washington aimerait attirer vers l’OTAN. Plus grave encore : la confiance a disparu des deux côtés et Moscou ne signalise pas être disposé à au moins participer au projet dont Poutine sait qu’il ne peut pas l’empêcher. Mais, poursuit le journal, il a reconnu une chance de s’élever au-dessus de ses prédécesseurs Jelzin et Gorbatchov, en laissant après son départ une Russie fortifié du point de vue économique et politique. Sa popularité reste sans faille dans l’ensemble du territoire, rappelle la Süddeutsche Zeitung, sachant que le contrôle de l’appareil médiatique par le Kremlin y est pour beaucoup.