Poursuite du débat sur la circoncision
23 août 2012Le 26 juin en effet, le tribunal de grande instance de Cologne a estimé que cette pratique devait être assimilée à des coups et blessures volontaires, provoquant une levée de boucliers des juifs et musulmans d'Allemagne mais aussi à l'étranger. Les conclusions du Conseil d'éthique, devraient servir de base au gouvernement pour élaborer un projet de loi en vue de régler cette question.
Un verdict décrié
Le verdict du tribunal de Cologne avait déconcerté juristes, médecins et parents et suscité de vives réactions de la part des représentants des communautés juive et musulmane en Allemagne et ailleurs. Ainsi Pinchas Goldschmidt, président de la Conférence européenne des Rabbins :
"Si cette sentence était fixée dans la loi, cela voudrait dire qu'il n'y aurait plus d'avenir pour la plus grande partie de notre communauté en Allemagne."
Pour l'image de l'Allemagne à l'étranger, et surtout en raison de l'Holocauste perpétré à l'époque national-socialiste, le jugement est considéré comme un "désastre" par le monde politique. Le ministre allemand des Affaires étrangères Guido Westerwelle est conscient du devoir moral de l'Allemagne de protéger et de garantir la vie de la communauté juive sur son sol :
"Dans le monde entier, on ne pourrait expliquer à personne le fait que les Juifs en Allemagne n'auraient plus la permission de faire circoncire leurs fils..."
Une pratique ancestrale
Il faut savoir que le rite de la circoncision religieuse, qui consiste en l'ablation du prépuce des jeunes garçons, est pratiqué depuis 4.000 ans et depuis 1.800 ans en Allemagne. Ce rite est "la racine de l'âme juive" et un élément de la vie juive "sur lequel on ne peut revenir", a souligné mardi le grand rabbin d'Israël Yona Metzger devant des journalistes à Berlin.
Et si un peu plus de 200.000 juifs vivent aujourd'hui en Allemagne, le pays compte également plus de 4 millions de musulmans qui pratiquent eux aussi la circoncision. Ils sont scandalisés à l'idée que ce rite religieux puisse être passible de poursuites pénales. C'est pourquoi les représentants du Bundestag, la chambre basse du Parlement ont, dans leur majorité, appelé le gouvernement à légiférer d'ici l'automne et à garantir dans un cadre légal le droit à la circoncision religieuse dès lors qu'elle ne s'accompagne pas de "souffrances inutiles".
Mais pour une partie des députés, c'est l'intégrité physique de l'enfant qui doit avant tout être protégée. Aussi la ministre allemande de la Justice, Sabine Leutheusser -Schnarrenberger, estime que légiférer sur cette question va être difficile. Elle n'exclut pas que la loi, si elle était votée, atterrisse devant la plus haute instance juridique du pays, la Cour constitutionnelle allemande à Karlsruhe.