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Pourquoi le Gabon intéresse ailleurs

Tamara Wackernagel2 septembre 2016

Pour le président réélu, Ali Bongo, "les élections ont rendu leur verdict", des déclarations qui provoquent la fureur de l'opposition. L'UA reste, elle, muette, mais les USA, l'UE et l'Onu suivent la situation de près.

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Image : Getty Images/AFP/M. Longari

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"La démocratie s'accommode mal de la prise d'assaut d'un parlement et de la télévision nationale", dixit Ali Bongo dans une brève allocution prononcée jeudi, 1er septembre au palais présidentiel. Le chef de l'Etat, déclaré vainqueur la veille de l'élection présidentielle a rejeté la responsabilité des violences sur des "groupuscules formés à la destruction".

Des membres de l'opposition toujours bloqués au QG

Depuis la proclamation de sa réélection, mercredi en fin de journée par la Commission électorale, le Gabon est en ébullition. L'Assemblée nationale a été incendiée, des magasins détruits et pillés, le QG de campagne de Jean Ping pris d'assaut par la Garde républicaine. Bilan pour le moment: trois morts et un millier d'interpellations. Une vingtaine de leaders de l'opposition et de la société civile sont par ailleurs toujours séquestrés dans les locaux du QG.

Gabun Libreville Regierungsgebäude Wrack Ausschreitungen
Des débris aux alentours d'un batîment gouvernemental, à Libreville après les émeutes du 1er septembreImage : Getty Images/AP/J. Bouopda

Selon les résultats officiels, Jean Ping a obtenu 48,23% des voix - Ali Bongo 49,80% des voix - un écart marginal qui représente une différence d'environ 5.500 voix - mais selon le président réélu "les élections ont rendu leur verdict".

Réactions internationales

Au Gabon, l'opposition a donc réagi avec fureur. Fait plus rare, à l'international aussi, la tendance est à l'indignation: Les États-Unis, comme l’Union européenne, avaient envoyé de fortes délégations d’observateurs sur place, qui ont pu constater les manquements dans le processus électoral, des manquements d’ailleurs déjà condamnés dès la clôture du scrutin. Mais ce n'est pas le seul souci démocratique qui anime la communauté internationale selon Mays Mouissi, analyste gabonais. Cliquez sur le lien ci-dessus pour écouter son interview.

L'Union européenne a évoqué hier une "crise profonde" et a appelé les différentes parties "au calme". Les Etats-Unis ont déploré "l'escalade de la violence". Et puis la France, ancienne puissance coloniale, a appelé "toutes les parties à la retenue et à l'apaisement". Enfin, Ban Ki-moon entend "la frustration du peuple gabonais et des jeunes en particulier". Le secrétaire général de l'Onu a demandé, comme Paris et Washington, une vérification transparente des résultats, ce à quoi le porte-parole d'Ali Bongo, Alain-Claude Bilie-Bye-Nze a rétorqué que la communauté internationale devait tenir compte de la loi gabonaise, qui ne saurait être changée par leurs pressions.

La chef de la diplomatie européenne Federica Mogherini a évoqué une crise profonde" et a appelé les différentes parties "au calme"
La chef de la diplomatie européenne Federica Mogherini a évoqué une crise profonde" et a appelé les différentes parties "au calme"Image : DW/C.-M. Kostmann

Censure de l'information

Selon notre correspondant à Libreville, le réseau internet, les réseaux sociaux et les communications par SMS sont toujours coupés. Le siège de la Radio-Télévision Nazareth, appartenant à un grand soutien de l’opposant Jean Ping, et qui avait largement couvert la campagne, a été attaqué par des militaires gabonais. Le siège de la télévision a été incendié et tout son matériel saccagé. Les locaux de la radio-télévision nationale ont été également attaqués par un groupe de manifestants. Le Gabon occupe la 100ème place sur 180 pays dans l’édition 2016 du classement de la liberté de la presse, établi par l'organisation Reporters sans frontières.