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Pour 1000 milliards d'euros

30 juin 2011

La Commission européenne a présenté mercredi son projet de budget pour la période 2014-2020. En rendant sa copie, Bruxelles a sifflé le coup d’envoi d’une longue partie de bras de fer avec les états membres.

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José Manuel Barroso a réclamé une hausse du budget européen
José Manuel Barroso a réclamé une hausse du budget européenImage : dapd

Le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, a rendu sa copie et il n’a pas manqué de courage puisqu’en période de crise, en période vaches maigres et de serrage de ceinture, Jose Manuel Barroso ne s’est pas dégonflé : il a proposé un budget en hausse de 5% avec en fin de compte, une belle somme, rondelette, de 1000 milliards d’euros sur la période 2014-2020. Pour faire passer la pilule aux Etats membres qui financent tout de même de leurs poches les trois quarts du budget européen, Bruxelles propose de créer un ou des impôts européens. Ce qui aurait l’avantage de ne plus piocher dans les poches des Etats mais directement dans celle des contribuables.

Comment cela ? En instaurant une TVA européenne ou encore – et c’est la proposition la plus spectaculaire présentée par la Commission : en instaurant une taxe sur les transactions financières. On pensait que la Commission européenne était un agent de l’ultralibéralisme et de la protection des marchés eh bien c’était faux ! Bruxelles ressort le vieux serpent de mer, un peu poussiéreux de puis le temps, de la taxe Tobin, c’est-à-dire taxer les transactions financières effectuées sur les marchés. Cela a un double avantage : ça ne fâche pas les opinions publiques et ça permet aux institutions européennes de devenir plus autonomes financièrement. Cela devrait donc faire plaisir aux Etats qui se plaignent toujours du fait que l’Europe leur coûte trop cher. Eh bien non ! Car il est bien connu que celui qui a le pouvoir est celui qui tient les cordons de la bourse.

Le chef de la diplomatie allemande, Guido Westerwelle, ici en visite au Soudan, a parlé d'un montant "au-delà du supportable".
Le chef de la diplomatie allemande, Guido Westerwelle, ici en visite au Soudan, a parlé d'un montant "au-delà du supportable".Image : dapd

Contrôle des frontières

Donc les capitales européennes ne voient pas d’un bon œil cette volonté émancipatrice de la Commission. Pas question de perdre le contrôle en quelque sorte. Bref, tout cela nous promet une belle bagarre jusqu’à la fin 2012. Et la crise grecque à côté du débat budgétaire, c’est la même différence qu’il existe entre les tragédies grecques de Sophocle et les pièces de Molière. Ces dernières n’ont pas la même envergure, le même souffle antique, mais elles sont beaucoup plus drôles.

Alors, que voit-on dans ce projet de budget ? Un gel des dépenses accordées à l’agriculture. L’agriculture s’est toujours taillée la part du lion dans les dépenses européennes. Désormais c’est fini : alors qu’elle représentait un peu plus de la moitié du budget il y a quelques années, sa part devrait n’être plus que d’un tiers à l’horizon 2020. Cela va sans doute faire plaisir aux agriculteurs africains même si l’agriculture européenne reste et restera encore puissante et subventionnée.

Le Premier ministre britannique David Cameron a jugé ce projet de budget "totalement irréaliste"
Le Premier ministre britannique David Cameron a jugé ce projet de budget "totalement irréaliste"Image : dapd

Aide au développement

Ce qui nous intéresse aussi particulièrement c’est la politique liée au contrôle de l’immigration qui est devenue très répressive on le sait en Europe. Ou à l’inverse, la politique en matière d’aide au développement. Sur tous ces points, le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, a fait la déclaration suivante : « Il y a aussi notre détermination à offrir des frontières sûres. Ainsi, le budget consacré à la surveillance de nos frontières et à la lutte contre la criminalité sera augmenté de 75%. Et puis notre budget va contribuer à faire que l’Europe compte sur la scène internationale. 70 milliards d’euros seront ainsi consacrés à la politique étrangère. Face à des alliances mouvantes et à l’émergence de nouvelles puissances, l’Europe doit faire plus pour faire entendre sa voix. Par ailleurs, 16 milliards d’euros seront alloués à notre politique européenne de voisinage afin de promouvoir la démocratie et la prospérité autour de l’Europe. Nous continuerons également de respecter notre engagement à aider les plus pauvres dans le monde. L’instrument de financement de la coopération et au développement sera doté de 20,6 milliards d’euros pour se concentrer sur l’éradication de la pauvreté et nous permettre de tenir nos engagements en faveur des objectifs du millénaire pour le développement. Si l’Europe affronte en ce moment une période difficile, ce n’est rien à côté des populations les plus pauvres du monde qui affrontent sans doute une des périodes les plus dures de tous les temps. »

Frontière entre la partie sud et nord de l'île de Chypre
Frontière entre la partie sud et nord de l'île de ChypreImage : DW

Drames de l’exil

Nous partons à Chypre mais pas pour une visite touristique car l’histoire que nous allons vous raconter n’a rien d’amusant. A Chypre, des milliers de clandestins franchissent chaque année la ligne verte. Cette zone, contrôlée par l'ONU et qui coupe l'île en deux depuis 1974, constitue de fait la frontière terrestre la plus orientale de l'Europe puisque de l’autre côté c’est la Turquie. Ou du moins une république autonome contrôlée par la minorité turcophone de l’île. Cela fait donc de Chypre un territoire où seule une partie est membre de l’Union européenne.

On comprend l’intérêt pour les clandestins. Une fois passé au sud, ceux-ci demandent l'asile mais ils sont très souvent déboutés. Car si Chypre est le pays d'Europe comptant le plus grand nombre de demandeurs d'asile par habitant, la législation y est très stricte.

Michel Picard est allé à la rencontre de réfugiés Iraniens dont certains vivent des situations dramatiques.

Auteur : Jean-Michel Bos

Edition : Elisabeth Cadot

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