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Polémique autour de la fête nationale

Aude Gensbittel5 novembre 2004

Polémique en Allemagne autour de la fête nationale, le 3 octobre, qui est l’anniversaire de la réunification allemande en 1990. Pour faire face au déficit budgétaire, le ministère des Finances a décidé de supprimer un jour férié et de déplacer cette fête au premier dimanche d'octobre. Il s’agit selon le ministre de l’économie Wolfgang Clement de «mobiliser des forces supplémentaires pour la croissance». Le président allemand Horst Köhler s’est déjà prononcé contre cette idée, de même que Michael Sommer, le président de la Fédération des syndicats allemands, et les journaux allemands ne sont eux non plus pas franchement enthousiastes.

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Fête de l'unification allemande le 3 octobre 1990
Fête de l'unification allemande le 3 octobre 1990Image : AP

Un anniversaire se fête le jour d’un anniversaire, Noël se fête le 25 décembre et le 3 octobre se fête le 3 octobre, écrit la Süddeutsche Zeitung. C’est ce jour là qu’en 1990, la RDA a rejoint la République Fédérale d’Allemagne et c’est ce jour là qui a officiellement été choisi pour célébrer la fête nationale. On ne peut pas détacher celle-ci de la date de l’événement et la repousser au dimanche suivant. Après tout, les Français ne commémorent pas la chute de la Bastille le dimanche qui suit le 14 juillet. Si on se met à maltraiter l’Histoire, c’est qu’on ne reconnaît pas sa valeur.

Le quotidien conservateur die Welt a quant à lui du mal à décider ce qu’il trouve le plus agaçant dans la proposition du ministre des finances: est-ce la nonchalance avec laquelle le gouvernement rouge-vert s’en prend à la date symbolique de la fête nationale ? Ou plutôt le culot avec lequel on utilise cette idée pour détourner l’attention des autres mesures d’économie qu’Hans Eichel veut appliquer pour sauver son budget tant bien que mal?

Au ministère des finances règne la misère la plus totale, écrit pour sa part la Frankfurter Allgemeine Zeitung. Les recettes prévues ont été revues à la baisse d’environ 1%, et le ministre se voit obligé de prendre toute une série de mesures d’urgence. L’idée de renoncer au jour férié de la fête nationale, sans savoir si cette décision aura vraiment les conséquences économiques espérées, montre bien à quel désespoir on en est arrivé. Pour la FAZ, c’est la triste conséquence d’une planification des finances bien trop optimiste.

D’un point de vue économique, repousser la commémoration de l’Unité allemande à un dimanche n’apportera sans doute pas grand chose, estime la Tageszeitung. Mais ce n’est de toute façon pas ce qui intéresse le plus le gouvernement. La fête nationale est un symbole et avec elle on cherche aujourd’hui à faire de la politique symbolique. Selon la taz, le ministre des finances veut montrer à l’Union Européenne qu’il a vraiment fait des efforts en ce qui concerne le budget de 2005. Car le gouvernement sait très bien que l’Allemagne n’arrivera pas à respecter les critères du pacte de stabilité l’année prochaine. Et ce pour la quatrième fois consécutive. C’est tellement embarrassant qu’il faut au moins que ça ait l’air absolument inévitable. Car quand un gouvernement en est réduit à sacrifier sa propre fête nationale, alors on ne peut vraiment rien lui demander de plus. Eh bien si, écrit le journal. Par exemple une politique fiscale plus raisonnable.