Plus rien n'arrête les manifestants syriens
21 avril 2011Les manifestants continuent à défiler à Homs, la troisième ville du pays, et ce, malgré la répression sanglante de ces derniers jours. Lundi et mardi, une vingtaine de personnes ont été tuées par les agents de sécurité, selon des militants des droits de l'Homme. Ce qui porte donc à plus de 220 le nombre de victimes depuis le début de la révolte syrienne, le 16 mars dernier, selon Amnesty International.
Alors, certes, le président Bachar el-Assad a nommé un nouveau gouvernement, certes, il a libéré quelques prisonniers arrêtés mi mars, et certes, il a levé l'état d'urgence en vigueur en Syrie depuis 1963. Il n'empêche que les manifestations sont toujours soumises à autorisation du pouvoir. Et surtout, le président compte bien étouffer le mouvement parti de Deraa dans le sud du pays. Des témoins racontent que des policiers en civil filment les manifestants, pour pouvoir les identifier et mieux les arrêter par la suite, et ils ferment les portes des universités comme celle de Hasaka, dans le nord-est, car il faut le dire : ce sont surtout les jeunes qui sont à l'origine du mouvement.
L'avenir de la Syrie dépendant de la Libye?
Une chute du régime de la famille des Assad au pouvoir depuis 40 ans semble donc difficile, d'autant que le président Bachar el-Assad a encore des soutiens auprès de certaines franges de la population syrienne, pour qui il garantie la stabilité, et aussi auprès des pays arabes voisins, notamment en raison de sa politique agressive envers Israël.
Quant à la communauté internationale, elle a pour l'instant les yeux rivés sur la Libye. Ecoutez le point de vue d'un expert allemand du Proche-Orient, Michel Lüders :
« En Syrie comme au Yémen, les autorités attendent de voir comment la situation va évoluer en Libye. Si Kadhafi chute, le président syrien Assad comme le président yéménite Ali Abdullah Saleh risquent aussi de tomber. Mais tant que Kadhafi reste au pouvoir, alors les 2 autres jouent la montre. »
Et ils jouent très bien la montre, pendant que la communauté internationale se contente de condamner l'usage de la force contre les manifestants pacifiques, en Syrie comme au Yémen. Hier encore, la chef de la diplomatie américaine Hillary Clinton a fait part de sa « vive inquiétude » à propos de la répression à Homs, mais pour l'instant, ce ne sont pas ces déclarations qui arrêtent le pouvoir syrien.
La levée de l'état d'urgence : simple effet d'annonce ou espoir de libéralisation ? Ecoutez ci-dessous l'analyse d'André Bank, expert allemand sur la Syrie, de l’Institut pour le Proche Orient de GIGA.
Auteur : Cécile Leclerc
Edition : Sébastien Martineau