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Plainte d'anciens travailleurs forcés italiens contre l'Allemagne

Ph.Pognan6 juin 2008

Pendant la Seconde Guerre Mondiale, les nazis ont déporté vers l’Allemagne des centaines de milliers de personnes pour les faire travailler dans différents secteurs de l’industrie ou dans des camps de travail.

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Des travailleurs forcés sur le chantier d'un canal près de l'Elbe en 1943Image : PA/dpa

Au cours des dernières années, une partie des survivants anciennement requis au STO, le Service du Travail Obligatoire, ont été partiellement dédommagés pour les souffrances endurées. Souvent après de longues batailles juridiques sur le bien fondé de leurs revendications et leur montant. Mercredi, la Cour de Cassation italienne a dans deux jugements, donné raison à 50 anciens travailleurs forcés qui réclament des indemnisations à l’Allemagne.

L'affaire concerne 43 hommes, civils et militaires, surnommés les "jeunes de la vallée de Suse", dans le nord-ouest de l'Italie. Déportés en 1943 au camp de Gaggenau, ils avaient été forcés de travailler pour l'entreprise Daimler. Neuf autres plaignants, arrêtés et déportés dans des circonstances diverses sont aussi concernés.

Mercredi la Cour de cassation italienne a estimé que le travail forcé de prisonniers italiens dans l'Allemagne nazie avait constitué un "crime contre l'humanité" et que l'Etat allemand ne pouvait à ce titre invoquer aucune immunité d'Etat pour éviter de dédommager ces "esclaves d'Hitler". Selon Berlin toutefois, les 43 jeunes de la « Vallée de la Suse » ont été fait prisonniers en tant que soldats, il ne s’agit pas de travailleurs forcés mais de prisonniers de guerre. Or, ceux ci sont normalement exclus de tout dédommagement. L'arrêt de la Cour de cassation sur les "internés militaires" italiens " est en cours de traduction et fait l’objet d’un examen attentif, a déclaré le porte-parole du ministère allemand des Affaires étrangères, Martin Jäger. Il a précisé que le le gouvernement allemand se réserve la possibilité de poursuites juridiques contre l'Italie. Le porte-parole a aussi rappelé qu’en vertu d’un accord germano italien de 1961 , 40 millions de deutschemarks avaient déjà été versés en dédommagement à des victimes du nazisme. Rappelons que jusqu’en 1943 l’Italie était un allié du Troisième Reich, et le dictateur Benito Mussolini un ami politique d’Adolf Hitler. Après la chute du « Duce », et les fascistes italiens en déroute, l’armée italienne républicaine s’est retournée contre l’Allemagne nazie.

Mais la justice à Rome voit les choses d’un autre œil et son verdict pourrait entraîner une avalanche de plaintes contre l’Allemagne, jusqu’à 100 000 anciens travailleurs forcés encore en vie ou leurs descendants pourraient à leur tour revendiquer des indemnisations à la République Fédérale, juridiquement le successeur du IIIème Reich. L’Allemagne a encore un recours potentiel, elle pourrait porter l’affaire devant la Cour internationale de Justice à La Haye. Cependant une telle démarche risquerait fort de détériorer les relations germano italiennes. Affaire à suivre…