Peut mieux faire...
24 juin 2009Jusqu'à présent, pour les Allemands, cette guerre en Afghanistan se déroulait à la télévision, note die Welt, entre les cours de la Bourse et le conflit du Proche-Orient. Désormais, la réalité est toute proche. Cela vaut-il la peine de risquer la vie de ses propres enfants ? La sécurité de l'Allemagne doit-elle vraiment être défendue en Afghanistan ? L'objectif pourtant était simple : renforcer l'armée afghane pour qu'elle puisse rapidement lutter elle-même contre le terrorisme. Le jeu en vaut-il alors vraiment la chandelle ? s'interroge le quotidien qui revient en première page également sur le jugement d'hier de la Cour Constitutionnelle sur la notation des professeurs par les élèves sur Internet.
Ce qui fait dire à la Frankfurter Allgemeine Zeitung : qui pourrait être contre une évaluation dans des catégories comme « cool et amusant », « sexy » ou même « compétent » ? Ces jugements, tout le monde doit être en mesure de les supporter, a fortiori les enseignants qui distribuent eux-mêmes des notes. Le problème est que ces notes sont accessibles à tous les internautes, que leurs auteurs bénéficient de l'anonymat alors que les notés, eux, sont mis au pilori numérique mondial. Le motif du jugement favorable de la cour de Karlsruhe ? La liberté d'opinion, un bien démocratique qu'on ne saurait trop protéger.
Un constat partagé par la Frankfurter Rundschau : les profs doivent accepter d'être notés, au même titre que le sont les médecins, les juges ou les journalistes. Ecolier, patient, accusé ou lecteur, aucun n'a besoin de justifier de compétences particulières pour évaluer. Les élèves, en leur fonction de - jeunes - citoyens de notre démocratie peuvent donc exprimer leur opinion, même de façon anonyme sur Internet. Dans le meilleur des cas, les mauvaises notes peuvent renverser une tendance, lorsque les « cancres » font des efforts pour s'améliorer. Apparemment, c'est ce qu'a fait l'enseignante incriminée. Ayant démarré en 2007 avec une mention « passable », elle obtient aujourd'hui la moyenne haut la main.
Noter enseignants, médecins, journalistes ou mécaniciens sur Internet, pourquoi pas, juge de son côté la Süddeutsche Zeitung. Mais lorsque la liberté d'expression dépasse les bornes, le droit de la personne lésée à obtenir réparation doit aussi pouvoir s'appliquer. Soit l'anonymat des noteurs peut être levé, soit le responsable du site incriminé doit en assumer toutes les conséquences. Si l'Internet est un espace de liberté, celle-ci n'est rien sans la responsabilité.