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Peur du terrorisme en Europe

Sandrine Blanchard25 mars 2004

Un président qui interrompt une visite officielle sous l’effet de menaces d’attentats, il y a de quoi intéresser les journaux. Le retour anticipé d’Afrique de Johannes Rau à Berlin est donc au cœur des commentaires du jour. Surtout que cette décision met le doigt sur la grande peur des dirigeants européens : le terrorisme. Une peur accrue depuis les attentats du 11 mars à Madrid.

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Image : AP

Et cette crainte d’éventuels attentats domine désormais la politique européenne, et même de l’Occident en général, comme le souligne la Süddeutsche Zeitung. À tel point que les dirigeants européens font fi de leurs divergences, et le chancelier Schröder a réaffirmé, après un entretien téléphonique avec le président des États Unis, « l’alliance stratégique » de l’Allemagne avec les USA dans la lutte contre le terrorisme.

Pour la Frankfurter Allgemeine Zeitung, cela n’intéressait pas les terroristes soupçonnés d’être à l’origine des menaces contre le président Rau de savoir quel homme il est. Un homme de la réconciliation, ouvert au dialogue, opposant farouche à la guerre en Irak. Car selon le quotidien, les terroristes s’attaquent désormais aux valeurs même de l’Occident qu’ils abhorrent. Et le journal de se féliciter du rapprochement entre Berlin et Washington. Il estime que le mal serait plus grand, si tous les pays européens suivaient l’exemple espagnol, c’est-à-dire optaient pour une certaine neutralité, qui équivaut, selon lui, en ce cas, à une capitulation.

« Au secours, les maîtres chanteurs sont parmi nous ! » , s’écrie la tageszeitung. « Notre président capitule devant de simples menaces d’attentat », voici une opinion répandue en Allemagne, une opinion que ne partage pas le quotidien berlinois. Tout d’abord, estime le journal, les visites officielles ne sont plus ce qu’elles étaient. Et est-ce que quelqu’un croyait vraiment que le président allait claironner d’un ton martial à Djibouti qu’il est primordial que « même dans la Corne de l’Afrique, les intérêts allemands [soient] défendus » ? Allons bon, rien n’oblige le président à courir des risques pour remonter le moral des troupes.

Terrorisme qui est déjà depuis longtemps omniprésent dans la société allemande de tous les jours, écrit la Frankfurter Rundschau. Pas seulement depuis Madrid ou le retour précipité de Johannes Rau en Allemagne. Depuis, en fait, que les Allemands suspectent une bombe potentielle dans chaque valise abandonnée. Car le terrorisme en Allemagne, c’est surtout dans les têtes. Et le quotidien, qui égrène les mesures quasi paranoïaques de « sécurité », ou en tout cas de contrôle qui gagnent la vie de tous les jours, de soutenir que ce serait justement là le rôle de la et des politique(s) : œuvrer de façon à ce que la peur qui a gagné les cœurs ne tourne pas à l’infarctus de la société civile. D’où le souhait du journal de voir Johannes Rau, justement lui qui a été directement menacé, d’appeler la population à la raison. Car si lui ne le fait pas, qui le fera ?