Perpétuité pour l'assassin de Theo van Gogh
27 juillet 2005Un meurtrier condamné à perpétuité, au-delà de l’horreur qu’inspire son acte, ceci serait un événement judiciaire tout à fait ordinaire si son auteur n’était pas le prototype de ces jeunes terroristes de vocation islamiste qui cherchent à terroriser l’Europe de Madrid à Londres, relève la Frankfurter Rundschau.
Mais le droit doit rester le droit pour la Tageszeitung de Berlin, indépendamment des différences ou des tabous culturels. C’est un devoir pour toute société éclairée. Et le patriarche musulman polygame tout comme le mafioso italien doivent s’y plier. Pourtant, ce jugement ne doit pas être interprété comme la confirmation de l’échec de la société multiculturelle comme certains voudraient le propager. Cette société multiculturelle ouverte existe, tout comme ses contradictions. Et celles-ci doivent être traitées aussi par la voie judiciaire.
Pour die Welt, les Néerlandais ne peuvent plus ignorer que la terreur s’est aussi installée chez eux. Ils doivent désormais prendre conscience que leur société libérale et tolérante a défendu ses valeurs de manière trop passive, générant ainsi des sociétés parallèles dans lesquelles nos principes de liberté ne valent plus grand-chose. Le reconnaître ne signifie pas accepter des actes sanguinaires comme celui de Mohammed Bouyeri mais bien plutôt savoir reconnaître une réalité pour pouvoir la corriger.
La Süddeutsche Zeitung fait le même constat : la fameuse intégration de la société néerlandaise est trompeuse. Aujourd’hui, la société néerlandaise est un conglomérat de plusieurs cultures dont les différences se sont consolidées au lieu de s’effacer. Le gouvernement de la Haye peine toujours à trouver la juste mesure entre politique d’intégration et renforcement des contrôles. Et puis, les politiciens néerlandais de tous partis attisent sans répit les peurs de la population et appellent au renforcement des valeurs néerlandaises, confirmant ainsi les préjugés de la rue qui considère que les immigrants abusent de leurs droits. Ceci ne contribue pas à réduire les barrières culturelles mais bien à les renforcer, conclut le journal.