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Pas de dialogue allemand avec le Hamas

Anne Le Touzé13 février 2006

La tournée de Frank-Walter Steinmeier au Proche-Orient est au cœur des commentaires de la presse allemande ce matin. Demain à Ramallah, le chef de la diplomatie allemande ne rencontrera pas les représentants du Hamas, pourtant vainqueurs des législatives. Un refus qui correspond à la position officielle de l’Union européenne, mais qui ne fait pas l’unanimité, surtout depuis que le président russe Vladimir Poutine a invité les dirigeants de l’organisation à des discussions à Moscou…

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Le ministre des Affaires étrangères allemand Frank-Walter Steinmeier est en tournée au Proche-Orient.
Le ministre des Affaires étrangères allemand Frank-Walter Steinmeier est en tournée au Proche-Orient.Image : picture-alliance / dpa/dpaweb

Les organisations terroristes telles que le Hamas ont soif de valorisation diplomatique et de reconnaissance, qui sont des atouts importants dans le jeu politique international, écrit le Tagesspiegel. Il est donc judicieux de la part de Frank-Walter Steinmeier de ne pas rencontrer les dirigeants du Hamas lors de sa tournée, aussi longtemps que l’organisation prônera la destruction d’Israël. Vladimir Poutine, en revanche, n’adopte pas la bonne attitude en invitant le Hamas à une quasi-visite d’Etat, avant même que celui-ci ne montre le moindre signe de modération.

Même écho chez la Süddeutsche Zeitung, qui rappelle que le Proche-Orient est un domaine encore plus délicat pour l’Allemagne que pour les autres Etats européens. La responsabilité historique des Allemands envers Israël empêche tout financement, même indirect, de forces qui nient le droit d’existence de l’Etat hébreu. Au sein de l’Union européenne, de nombreux gouvernements misent sur une transformation du Hamas par le dialogue. L’Allemagne, estime le journal, n’a pas le droit d’adopter une telle position. Malgré les nombreux points contestables de la politique d’Israël envers les Palestiniens, Berlin ne peut pas, dans ce conflit, être aussi proche d’une partie que de l’autre. Et c’est cela que Frank-Walter Steinmeier doit affirmer publiquement et sans équivoque, lors de sa tournée.

Pour la Tageszeitung au contraire, le chef de la diplomatie allemande se fourvoie en refusant le dialogue. Les Européens ne peuvent pas se permettre de boycotter le Hamas, parce que cela signifie également boycotter les institutions palestiniennes. Le Hamas contrôle à présent les derniers vestiges du processus de paix d’Oslo, l’Autorité palestinienne et le Parlement. Personne n’a intérêt à ce que ces institutions s’effondrent. Celui qui fait le premier pas, c’est le président russe, Vladimir Poutine, qui, en ouvrant sa porte au Hamas, désamorce la situation. La visite de Frank-Walter Steinmeier dans les territoires palestiniens, elle, est insignifiante, conclut la taz.

Toujours sur le Proche-Orient, la presse allemande revient ce matin également sur les critiques adressées par le chef du SPD à la chancelière Angela Merkel, qui avait enjoint l’occident d’agir contre l’Iran et son programme nucléaire. La Neue Osnabrücker Zeitung souligne les divergences de la coalition gouvernementale. Le journal se demande quelle ligne le chef de la diplomatie allemande va bien pouvoir adopter dans ses discours en Israël. Le futur gouvernement du Hamas disposera-t-il des milliards de subventions européennes ? L’Allemagne participera-t-elle à une intervention militaire contre l’Iran ? Des questions capitales pour Jérusalem, rappelle le journal, puisque non seulement le Hamas mais aussi l’Iran appellent à la destruction d’Israël.