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Otto Schily et l'affaire el Masri

Ph.Pognan24 novembre 2006

- A Berlin, l'ancien ministre allemand de l'Intérieur Otto Schily a déposé devant la commission d'enquête parlementaire du Bundestag sur le rôle des services secrets allemands dans la lutte anti- terroriste à l’époque où il était responsable du Ministère.

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Otto Schily
Otto SchilyImage : AP

Cette commission parlementaire qui a entamé son travail il y a plusieurs mois déjà, veut avant tout faire la lumière sur deux points: à quel moment le gouvernement fédéral a-t-il été informé des détails du cas de Khaled el Masri ? et… les services allemands étaient-ils impliqués dans l’enlèvement de cet Allemand d’origine libanaise par la CIA, les services secrets américains ? El Masri avait été arrêté en Macédoine le 31 décembre 2003, puis transféré en Afghanistan où il a passé plusieurs mois dans une prison américaine avant d’être finalement libéré en Mai 2004…Les Etats- Unis étaient apparemment conscients de l’importance du dossier el Masri. Comment expliquer sinon que l'ancien ambassadeur des Etats-Unis à Berlin, Daniel Coats ait demandé un jour férié -un dimanche de Pentecôte 2004- à obtenir de toute urgence une entrevue avec le Ministre allemand de l’Intérieur Otto Schily. Coats aurait alors informé Schily de la libération d’el Masri que les agents américains avaient pris pour un terroriste et reconnu que la CIA avait fait une erreur. C'est ce qu'a déclaré l’ancien ministre de l'Intérieur qui dément toutefois avoir été informé avant même la visite de l’ambassadeur américain comme certains le lui reprochent. Non sens, dit il, et s’il a gardé le silence, c’est qu’il a respecté la demande de Coats de rester discret sur cette affaire et pour ne pas détériorer les bonnes relations germano-américaines dans la lutte contre le terrorisme… Otto Schily: Tous les succès que nous avons remporté dans la lutte antiterroriste sont en fait liés à une coopération basée sur la confiance avec les Etats-Unis, confiance que nous avons maintenue aussi en des moments difficiles

C’est un fait que, malgré des divergences de vue sur la guerre en Irak et contrairement au chancelier de l’époque Gerhard Schröder, le ministre de l’Intérieur entretenait de très bons rapports avec l’administration Bush. Selon l’un des membres sociaux démocrates de la Commission d’enquête, le social démocrate, Thomas Oppermann, après la dernière déposition de Schily, il est clair que les soupcons de l’opposition de l’époque concernant d’éventuelles fautes commises dans cette affaire par le gouvernement rouge vert de Gerhard Schröder sont dénués de tout fondement: Oppermann:« … nous partons du principe qu’il est clair à partir d’aujourd’hui que le gouvernement fédéral n’a pas été informé dès le début de l’enlèvement d’el Masri. Et donc que le gouvernement fédéral n’avait en aucun cas les moyens d’empêcher cet enlèvement. Et en particulier que le ministre de l’Intérieur Schily n’a eu aucune possibilité d’intervenir..."

Ce qui ne fait pas de doute en tout cas, c’est que l’opinion publique et le Parlement n’ont été informés de l’enlèvement d’el Masri qu’à la fin 2005. C’est pourquoi Hans-Christian Ströbele, des Verts également membre de la commission maintient ses reproches vis à vis d’Otto Schily et de ses services : " Ils n’ont pas seulement gêné les investigations, mais ils ont aussi sciemment induit en erreur le Parlement…"

Otto Schily a aussi déclaré qu’une fois leur bévue constatée les Américains auraient donné de l'argent à Khaled el Masri en échange de son silence sur cette affaire. Ce que l’ avocat d’el Masri dément formellementLa Commission d’enquête sur les services secrets espère pouvoir faire toute la lumière le 14 décembre prochain. Ce jour là l’actuel ministre des Affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier doit être entendu comme témoin. Le social démocrate était responsable des services secrets dans le gouvernement Schröder…