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« Offre de paix » du chef du réseau terroriste Al-Qaïda aux Européens

Yvon Arsenijevic16 avril 2004

Oussama Ben Laden – le nom à lui seul suffit pour être catapulté à la première page des journaux. Cette fois, c’est une « offre de paix » (contre la promesse de ne pas agresser les musulmans) que le chef d’Al Qaïda a fait parvenir à « ses voisins au nord de la Méditerranée », cela par le canal habituel des chaînes arabes et dans un message authentifiée par la CIA. Les Européens ont répondu « non » en bloc. Commentaires des quotidiens allemands.

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Oussama Ben Laden
Oussama Ben LadenImage : AP/APTN

« Peut-on négocier avec le diable ? » demande Die Welt à Berlin sous le titre « Une voix venue de l’enfer ». Devinez la réponse. Comment croire à l’offre de paix d’un Ben Laden, renchérit la Heilbronner Stimme : autant faire confiance au chat qui promet de ne plus manger de souris.

Diable ou chat, Ben Laden ou pas, toute la presse allemande plaide bien sûr la non-négociation.
Mais au-delà de ce constat, elle essaye aussi de comprendre les motivations (et les effets possibles) de ce que le Weser Kurier appelle le « show Oussama ». Le spectacle en question, ajoute le journal de Brême, s’adresse non pas au public de Berlin, Paris, Londres ou Madrid mais à ceux du Caire, de Beyrouth, de Damas ou d’Islamabad – comme pour leur dire : regardez, ce sont les « infidèles » qui refusent la paix ! Voilà la vraie teneur du message pour notre confrère, un message aussi perfide et détonnant qu’une bombe à clous.

Et si, d’un autre côté, la prétention démesurée d’un Ben Laden qui veut se faire aussi puissant que ses puissants ennemis en leur proposant de négocier d’égal à égal, dissimulait, comme l’écrit le Nürnberger Zeitung, un aveu de faiblesse ! Le besoin d’une trêve par exemple, ou au moins d’une réduction des adversaires.

« Signe de faiblesse », le mot revient aussi dans le commentaire de la Norwest-Zeitung : l’hydre terroriste (qui voulait étreindre la planète entière) semble vouloir se recentrer sur un nombre réduit d’objectifs. Le danger est encore là, écrit le journal d’Oldenbourg, mais la lutte anti-terroriste porte ses premiers fruits.

Le Landeszeitung, à Lünebourg, n’est pas d’accord : le message du chef du réseau terroriste Al-Qaida est une tentative de chantage. Il s’agit de provoquer une fracture à la fois entre les Etats occidentaux et au sein même de ces Etats.

Surtout une fracture entre l’Europe et l’Amérique, renchérissent les Stuttgarter Nachrichten. C’est nouveau, estime notre confrère, mais cela ne décolle tout de même pas du niveau de la propagande grossière.

Pourquoi ? Parce que Ben Laden commet deux erreurs fondamentales, explique le Handelsblatt à Düsseldorf : d’une part en croyant qu’Al-Qaida peut être l’interlocuteur des gouvernements occidentaux – c’est absurde ! – et de l’autre parce que son offre freinera plus qu’elle ne favorisera le départ des soldats étrangers d’Irak : tout pays quittant la coalition (comme l’envisage l’Espagne) se verra en effet désormais reprocher de céder à la pression du terrorisme.