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Où en est l'opposition syrienne ?

31 mai 2011

Les représentants de l'opposition en exil tiennent depuis ce mardi matin, et jusqu’à jeudi, une conférence à Antalya, en Turquie. L'occasion de faire un gros plan sur un mouvement hétéroclite, mais déterminé.

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Le 13 mai dernier, lors d'une manifestation à Qamishli (photo prise avec un téléphone portable)Image : dapd

Du son et des images vidéo tournées à l’aide de téléphones portables lors de manifestations contre le régime en Syrie et diffusées sur Internet : ce sont là, jusqu'à présent, les armes de l’opposition contre la brutalité du régime. La génération Facebook est en Syrie également un moteur pour les critiques, mais l’Etat provoque des ratés en coupant le courant et les réseaux, poussant ainsi souvent les activistes à s’exiler à l’étranger comme Rami Nakleh, qui vit aujourd’hui à Beyrouth, au Liban :

« Mon but est de faire la lumière sur ce qui se passe en Syrie aujourd’hui. Car s’il peut agir dans l’ombre, ce régime commettra les pires crimes que vous pouvez imaginer. »

A la différence de l’Egypte, où des millions de personnes sont descendues dans les rues, l’opposition en Syrie ne compte que quelques dizaines de milliers de personnes, des jeunes en majorité.

Syrien Militär Panzer Einsatz
Un char syrien dans une rue de Deraa, lors de l'assaut de l'armée sur la villeImage : picture alliance/dpa

Le silence des élites

Des structures rurales, un manque d’organisation et une élite intellectuelle quasi absente expliquent en partie le nombre restreint de manifestants. Par ailleurs, certains Syriens ont peur d’un après-Assad, d’un avenir incertain ; et cela les empêche de se joindre aux manifestations contre le manque de libertés et l’omniprésence de l’Etat.

L’armée et les services secrets font le reste et les journalistes étrangers sont indésirables. Dans les rangs de l’opposition en exil, on trouve aussi bien des islamistes que des activistes pour les droits humains, des militants kurdes et même d’anciens dignitaires du régime d’Assad, tels que son frère, Rifaat, ou bien encore Abdulhalim Chaddam, qui fut vice-président il y a six ans. Aujourd’hui, Chaddam appelle l'Occident à intervenir comme en Libye :

« Nous avons besoin de l’intervention de l’étranger. Un régime qui tue ses propres citoyens, a perdu le droit à l’existence. Ce sont des ennemis du peuple ! »

Protest Homs Syrien 06.05.2011
A Homs, ces manifestants portent une banderole appelant les Nations unies à intervenirImage : AP

Plus de mille morts, des milliers de blessés et au moins dix mille prisonniers politiques, c’est le prix qu’a du payer l’opposition contre le régime. Après deux mois et demi de contestation, le mouvement semble toujours aussi éloignée de ses objectifs, qui restent : la levée effective de l’Etat d’urgence, la libération de tous les prisonniers politiques, le droit au retour des opposants exilés, des réformes politiques et démocratiques et surtout une date pour des élections parlementaires et présidentielle libres et transparentes.

Auteurs : Ulrich Amman, Philippe Pognan
Edition : Georges Ibrahim Tounkara