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Où en est la constitution européenne ?

Christophe Lascombes15 juin 2007

En sa qualité de présidente tournante du Conseil de l’Europe, la chancelière alle-mande veut faire adopter lors du prochain sommet européen un plan de route concernant la suite du processus de constitution européenne et appelle tous les états européens à faire preuve de compromis. Le renouveau institutionnel de l’Europe est surtout bloqué par la Pologne et la Grande-Bretagne. L’occasion pour la presse allemande d’analyser ce matin les points de litige dans ce dossier.

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La chancelière Angela Merkel évoque le prochain sommet européen au parlement
La chancelière Angela Merkel évoque le prochain sommet européen au parlementImage : AP

Pour la Frankfurter Allgemeine Zeitung, après la mise en place, à la hussarde, de l’élargissement, un développement que ni les anciens, ni les nouveaux états membres n’ont encore maîtrisé, l’Union européenne a encore une fois les yeux plus gros que le ventre. La voilà aujourd’hui contrainte d’en revenir à une stratégie plus ancienne, mais éprouvée : celle des petits pas. La Tageszeitung rappelle que si Nicolas Sarkozy est allé à Varsovie, c’est pour plaider en faveur du principe dit de la double majorité, un principe que les Français ont rejeté avec leur non au référendum. Ce principe stipule que les décisions votées à la majorité au sein du Conseil ne seront applicables que si la majorité des pays qui les décident regroupent également la majorité de la population européenne. C’est la concrétisation d’une Europe des Nations qui soit aussi une Europe des citoyens. L’opposition de Varsovie se nourrit surtout de sa méfiance envers son voisin, relève le Financial Times Deutschland. Même si c’est injuste envers le gouvernement allemand actuel, cela reste compréhensible. L’arrogance avec laquelle Gerhard Schröder a construit ses relations avec la Russie, sans se soucier de la Pologne a engendré de profondes blessures d’amour-propre. En fait, le vrai problème, pour la Süddeutsche Zeitung, c’est la profonde différence de vue qui existe entre la Pologne et l’Allemagne vis-à-vis de la construction européenne. Pour Berlin, l’Europe est devenue depuis des décennies le symbole de la réconciliation alors que pour les Polonais, et pour les jumeaux Kaczynski surtout, l’Union européenne est avant tout une institution qui doit racheter les injustices que le pays a subi depuis des siècles de la part des Européens, et en premier lieu de l’Allemagne. C’est pourquoi Varsovie évoque plus souvent les droits offerts par l’adhésion, dont le droit de veto, et moins les devoirs qui en découlent. Pourtant, il serait faux de faire des Polonais les seuls boucs émissaires de ce dossier, objecte Die Welt. L’échec de deux référendums nationaux et les objections de Prague, de Paris, de Londres et de La Haye montrent bien l’étendue du scepticisme ambiant. En fait, l’erreur de l’Europe est d’en vouloir trop. Pourquoi une constitution là où un règlement intérieur savamment élaboré suffirait amplement. Les constitutions, ce sont les peuples souverains qui se les donnent. L’Europe en est encore bien loin, conclut le quotidien.