Nouveau fichier anti-terroriste
30 mars 2007Pour le ministre de l'Intérieur, le chrétien-démocrate Wolfgang Schäuble, le fichier anti-terroriste est un « instrument efficace et raisonnable », qui montre que « l'Allemagne prend très au sérieux la menace du terrorisme islamiste ». C’est ce qu’il a déclaré lors d’une conférence de presse à Berlin à l’occasion du lancement de ce nouveau système qui fonctionne à l’échelle nationale. Jusqu’à présent, les questions sécuritaires étaient surtout traitées au niveau des Etats régionaux et les informations collectées sur les personnes soupçonnées de terrorisme ne pouvaient être transmises entre les différents services de police et de renseignements. Selon Günther Beckstein, le ministre de l’Intérieur de la Bavière, le pays sera à l’avenir mieux protégé contre les risques d’attentats :
« Un échange doit pouvoir avoir lieu entre les différents services à propos des suspects. Nous le savons à cause des Etats-Unis, où il y avait beaucoup d’indices à propos des attaques du 11 septembre, mais qui n’ont pas été transmis d’un service à l’autre, chaque administration n’avaient que des bribes d’informations, qui n’ont pas été rassemblées. C’est pourquoi nous avons décidé que cela ne devait pas se passer ainsi en Allemagne. »
Mais si la mise en place de ce ficher anti-terroriste a obtenu en décembre dernier l’approbation des membres de la grande coalition gouvernementale, les conservateurs et les sociaux-démocrates, elle n’est pas du goût de l’opposition, qui y voit une réduction des libertés individuelles. Sabine Leutheusser-Schnarrenberger, vice-présidente du groupe parlementaire libéral FDP :
« A notre avis, c’est un système trop perméable. Il contient beaucoup trop de données, car il ne s’agit-là pas seulement de quelques personnes dangereuses. Nous avons toujours été d’accord sur le fait qu’il faut bien sûr répertorier correctement les informations et les échanger en toute sécurité. Mais on a affaire à une banque de données qui contient entre 5 et 6 millions d’entrées. Ce n’est pas un petit fichier, il concerne des millions de personnes et cela présente de grands risques. »
La loi prévoit que les informations concernant la situation familiale et la confession religieuse ne soient accessibles qu’avec l’accord du service qui les a données au fichier central. Il peut toutefois y avoir des exceptions, si les autorités soupçonnent l'imminence d'une attaque terroriste. Seulement voilà, en matière de terrorisme, il s’agit la plupart du temps d’urgences et l’exception pourrait bien devenir la règle.