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Nouveau cap à Washington?

Anne Le Touzé8 décembre 2005

A Berlin et à Kiev, Condoleezza Rice a assuré que les Etats-Unis condamnaient toute forme de torture et respectaient la Convention de Genève, à l’intérieur et à l’extérieur de leur territoire. Des déclarations qui répondent aux inquiétudes des Européens sur les méthodes employées pour les interrogatoires dans les prisons secrètes de la CIA. Ce matin, le revirement apparent de la politique américaine est au cœur des commentaires de la presse allemande.

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Image : AP

Certes, la chef de la diplomatie américaine ne l’a pas formulé ainsi, mais son discours laisse entendre que les agents du gouvernement américain avaient jusqu’à maintenant le droit de pratiquer la torture sur des prisonniers, analyse la Süddeutsche Zeitung. Avec Guantanamo et les prisons de la CIA, c’est tout le système de la lutte contre le terrorisme qui est en train de dégringoler, estime le quotidien. Une défaite d’autant plus amère pour le gouvernement Bush que c’est depuis l’étranger que Condoleezza Rice a dû faire machine arrière. Quand on tire la sonnette d’alarme dans un train qui roule à grande vitesse, la manœuvre envoie valser tous les passagers. Dans le train Bush, la panique est à son comble, conclut la SZ.

La Franfurter Rundschau préfère l’image de la montagne qui se déplace. A Kiev, la secrétaire d’Etat américaine a laissé entendre un changement de cap : oui, la convention de Genève est valable partout et pour tous les personnels américains. Jusqu’à maintenant, Washington a limité le domaine de validité de la convention de Genève à son propre territoire et créé ainsi ces zones de non-droit où la CIA entretient ses prisons secrètes. Les interrogatoires pratiqués dans ces prisons n’utilisent pas la torture au sens étroit de la définition américaine, mais des méthodes cruelles et inhumaines qu’on appelle « torture légère ». Si l’on prend Condoleezza Rice au mot, ces pratiques vont cesser.

La Tageszeitung interprète différemment le discours de la secrétaire d’Etat. Celle-ci a explicitement parlé d’une interdiction de torture pour les personnels américains – mais elle n’a pas dit si des citoyens d’autres pays pratiquaient la torture pour le compte des Etats-Unis et certainement en présence d’agents de la CIA. Les pessimistes auront donc une raison de craindre qu’encore plus de prisonniers ne soient transférés dans des pays dans lesquels Washington a une grande marge de manœuvre et ne risque pas de subir des questions désagréables.

On termine par la caricature de la Frankfurter Allgemeine Zeitung, sur laquelle Condoleezza Rice annonce aux membres de l’OTAN: « Comme signe de solidarité transatlantique, la CIA a décidé de commander 150 avions à Airbus pour le transport de prisonniers. » Tout va bien maintenant ? demande la légende.