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Nigeria : des violences intercommunautaires complexes

Ishiaka Adegboye
30 janvier 2018

Au Nigeria, le conflit entre fermiers et éleveurs nomades peuls continue de faire des morts dans chaque camp. Dans un document publié ce mardi, l'ONG Amnesty International pointe la réaction "inadaptée" des autorités.

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Nigeria Konflikt Farmer Pastoralisten
Image : DW/K. Gänsler

"où voulez-vous que les éleveurs partent?" (éleveur)

La réaction des autorités nigérianes face aux violences intercommunautaires est "totalement inadaptée, trop lente, inefficace et, dans certains cas, illégale", a déclaré l'ONG Amnesty International ce mardi (30 janvier 2018), alors que les heurts entre éleveurs et agriculteurs ont fait 168 morts rien que ce mois, déplore l'organisation de défense des droits de l'homme.

Le samedi 27 janvier, trois personnes ont été tuées dans une nouvelle attaque d'éleveurs peuls contre des agriculteurs dans l'Etat du Plateau, dans le centre du Nigeria. Depuis 2015, un autre Etat, celui de Benue, plus au sud, est en proie à ces violences qui surviennent traditionnellement entre décembre et mars, quand les éleveurs viennent faire paître leurs milliers de têtes de bétail et que les fermiers commencent la récolte d'igname. Selon le Think Tank International Crisis Group (ICG), ces violences ont fait 2.500 morts en 2016. De nombreuses personnes sont contraintes à l'exode.

Rose Amary, originaire de Benue témoigne que chez elle au village, la communauté Agatou "a été chassée par les éleveurs fulanis de ses terres ancestrales et que jusqu'à présent, on continue de tuer ses parents, trop c'est trop."

Symbolbild Nigeria Bama Flüchtlinge
Image : picture-alliance/AP Photo/J. Ola

Lueur d'espoir ?

Les autorités nigérianes ont adopté une nouvelle loi interdisant aux éleveurs fulanis de se déplacer avec leurs troupeaux à la recherche de pâturage. D'après le sociologue nigérian James Owete, "le gouvernement a pris le taureau par les cornes, cependant il ne s'agit pas seulement d'interdire mais plutôt de mettre cela en pratique."

Afin justement de faciliter la mise en pratique de la décision, Baba Othman Ngelzarma, un responsable des éleveurs nomades souligne la nécessité d'aménager un espace aux éleveurs. Pour lui, on ne peut pas mettre en oeuvre cette loi sans réserver un lieu aux éleveurs pour avoir du pâturage. "Si vous ne prévoyez pas un endroit où voulez-vous qu'ils partent?" interroge-t-il. 

Amnesty International critique la réaction des autorités qui ont lancé l'armée dans des bombardements, espérant prévenir de nouveaux affrontements. "Les frappes aériennes ne sauraient être considérées comme un moyen légitime d’application des lois", condamne l'organisation.