Naufrages de migrants : qui est responsable ?
7 août 2015A chaque naufrage, la question de la responsabilité de l'Union européenne est posée. 2.100 personnes sont décédées ou disparues en Méditerranée depuis janvier. Responsabilité européenne, certes, mais pas seulement. Rupert Neudeck est co-fondateur de l'organisation d'aide Grünhelme. Il pointe du doigt aussi l'inaction des dirigeants africains :
"Les gouvernements africains sont également responsables de la fuite de leurs jeunes, dont ils ne s'occupent pas. J'ai toujours attendu qu'un président d'un pays africain vienne à Lampedusa pour voir la tristesse et le deuil que ces jeunes migrants africains expriment. Mais jusqu'à présent, mon souhait ne s'est pas réalisé."
Une problématique rarement abordée publiquement en Afrique, même à l'approche des élections dans de nombreux Etats du continent. Mamadou Mignane Diouf, chargé du programme Afrique, migration et développement de Caritas au Sénégal, dénonce ce silence :
"Je crois que si certains n'ont pas osé en faire un sujet de campagne, c'est parce que ça reflète réellement l'échec des politiques au niveau du développement local que ces pays-là ont connu dans oser l'avouer. C'est cela qui fait que malgré le désastre, l'importance des victimes enregistrées ici et là, on n'entend pas du tout les états africains se prononcer là-dessus, prendre position ou en faire en tout cas un débat de campagne."
Que faire face à cette inaction ? Le programme Afrique, migration et développement a notamment rédigé un mémorandum à l'intention des autorités de l'Union africaine et de ses pays membres en juin. En plus de dénoncer leur mutisme, le texte proposait l'organisation d'un sommet sur les naufrages en Méditérranée. Mais les initiateurs du projet n'ont jamais reçu de réponse.