1. Aller au contenu
  2. Aller au menu principal
  3. Voir les autres sites DW

Nés libres, mais déçus

Marie-Ange Pioerron2 mai 2014

Vingt ans après la fin de l'apartheid l'Afrique du Sud s'apprête à voter. Ce sera le 7 mai. Deux millions de jeunes Sud-Africains voteront pour la première fois.

https://p.dw.com/p/1BsnF
Des Sud-Africains nés après la fin de l'apartheid
Des Sud-Africains nés après la fin de l'apartheidImage : Kerstin Welter

L'hebdomadaire Die Zeit s'intéresse à ces jeunes. Ce sont ceux qu'on appelle en Afrique du Sud les "born free", ceux qui sont nés après 1994. Mais un tiers seulement d'entre eux, souligne le journal, s'est inscrit sur les listes électorales. La majorité de ces jeunes ne fera pas usage du droit de vote pour lequel leurs parents et grand-parents ont consenti d'immenses sacrifices. A la différence de leurs ainés ils ne croient plus aux promesses de la démocratie. Mais le mécontentement ne concerne pas seulement les jeunes. Partout dans le pays, poursuit le journal, les signes d'insatisfaction sont visibles. Il y a eu depuis le début de cette année 3 000 manifestations en l'espace de 90 jours seulement. Les gens manifestent contre le manque d'eau, d'électricite, d'écoles. Ce sont des manifestations contre une administration inefficace et corrompue, elles s'accompagnent souvent d'explosions de violence.

Avril 2014 - 20 ans après
Avril 2014 - 20 ans aprèsImage : Picture-alliance/dpa

La Frankfurter Allgemeine Zeitung note que l'Afrique du Sud distribue de nouveau les ressources en fonction de la couleur de la peau. L'élection de Nelson Mandela il y a vingt ans a profondément changé le pays. Des citoyens noirs ont été volontairement privilégiés. Mais estime le journal, cela a produit un petit groupe de capitalistes improductifs. La politique de la discrimination positive est un système sans pareil qui a engendré tout un secteur économique. Mais le bilan 20 ans après n'est pas à la hauteur des attentes nourries initialement par de nombreux Sud-Africains. Seule une petite partie de la population en a profité.

Des civils victimes de rebelles à Bentiu
Des civils victimes de rebelles à BentiuImage : UN

Rien appris du Rwanda

Le Soudan du Sud, avec son cortège de morts et de réfugiés continue de préoccuper la presse allemande. Il fait écrire à la Süddeutsche Zeitung qu'aucune leçon n'a été tirée du Rwanda. Le plus jeune Etat du monde, grand comme la France, s'enfonce dans la peur parce que deux chefs politiques se disputent. La mission de l'ONU présente sur place est si faible qu'elle ne peut guère faire plus que relever les traces des tueries. Non pas, poursuit le journal, que les casques bleus n'aient tiré aucun enseignement de leur honteux échec dans les années 1990: Srebrenica en 1995, Rwanda en 1994. La force de l'ONU au Soudan du Sud est dotée d'un mandat qui autorise une interposition énergique entre les deux parties. Mais, aujourd'hui comme autrefois, tout dépend de la volonté des Etats de mettre à la disposition de cette force les soldats et le matériel nécessaires pour qu'elle puisse s'acquitter de son mandat. Et souligne encore le journal, depuis le Rwanda les chefs d'Etat n'ont pas perdu leur capacité de hausser simplement les épaules quand on tue en Afrique. Six morts à Slavjansk (en Ukraine) enflamment les esprits dans les capitales des pays industriels, 10 000 morts au Soudan du Sud laissent froid. Les casques bleus au Soudan du Sud attendent depuis quatre mois les renforts promis.

Information sur Ebola à Conakry
Information sur Ebola à ConakryImage : picture-alliance/AP Photo

Ebola sous la loupe

Sur les traces du virus, titre le Tagesspiegel de Berlin dans sa rubrique scientifique. Le virus en question c'est celui de la fièvre hémorragique Ebola qui continue de sévir en Guinée, même si les médias en parlent moins. Une équipe de l'institut Robert Koch de Berlin, écrit le journal, vient de séjourner dans un village proche de Guéckédou, c'est de là qu'est partie l'épidémie. Les chercheurs, une douzaine, ont été accueillis à bras ouverts. Pendant trois semaines ils ont passé au peigne fin les forêts du sud de la Guinée en quatre endroits différents. Ils ont capturé des chauve-souris, un animal qui passe pour un réservoir du virus sans tomber lui même malade. Ils ont cherché des rongeurs et des primates morts, qui auraient éventuellement succombé à une infection par ebola. Ils ont aussi collecté des mouches bleues, car ces mouches, explique le chef de l'équipe de chercheurs, trouvent toutes les charognes d'animaux. Et les chercheurs peuvent reconstituer leurs deux ou trois derniers repas . Avec un peu de chance les mouches peuvent même livrer de l'adn du virus. L'étude de tout ce matériel collecté sur place commence tout juste . Mais, précise le journal, rien ne dit que l'équipe allemande puisse déterminer l'origine du virus qui sévit en Guinée. Car Ebola disparait aussi rapidement qu'il apparait quelque part.

Après les condamnations à mort par le tribunal de Minya, 28.04.14
Après les condamnations à mort par le tribunal de Minya, 28.04.14Image : Reuters

Des peines de mort à la pelle

Près de 700 peines de mort d'un coup - la justice égyptienne ne fait pas dans le détail. Parmi les condamnés: le chef des Frères musulmans Mohamed Badie. La justice aurait elle même sa place au banc des accusés, lit-on dans die tageszeitung. Mais il serait trop simple de croire que les juges égyptiens reçoivent d'en haut un coup de fil qui leur dicte le jugement à prononcer. Sous Moubarak déjà la dynamique était complexe. Le régime pouvait placer ses hommes aux postes clés, comme celui de président de la cour constitutionnelle ou de procureur général. Mais les juges ont régulièrement prononcé des jugements qui n'étaient pas du goût du régime. Il n'est pas rare que des acquittement aient éte prononcés parce que les aveux avaient été arrachés sous la torture. Ce "manque de fiabilité" de la justice, poursuit le journal, est l'une des raisons pour lesquelles le régime Moubarak, soucieux d'obtenir les jugements souhaités, a étendu la juridiction militaire à de nombreuses affaires civiles.

Enfin la Frankfurter Allgemeine Zeitung, dans sa rubrique économique, constate que les entreprises allemandes hésitent encore à investir en Afrique. Or souligne le journal, des pays comme le Nigéria et le Maroc manifestent un très grand intérêt pour la technique allemande. Le même journal publie aussi un court article à l'occasion des 90 ans, le 28 avril, de l'ancien président zambien Kenneth Kaunda. Il voulait réaliser en Zambie "l'humanisme socialiste". Ce fut un désastre économique, estime le journal.