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Mécontentement populaire en Angola

14 septembre 2011

Le vent révolutionnaire qui a soufflé sur la Tunisie, l’Egypte ou la Libye semble inspirer les militants des droits humains et opposants plus au sud dans de nombreux pays africains. Un exemple : l'Angola.

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Le président angolais Jose Eduardo dos SantosImage : picture alliance/dpa

Depuis le mois de mars, des manifestations se sont régulièrement déroulées contre le président José Eduardo dos Santos qui se maintient au pouvoir depuis 32 ans déjà sans jamais avoir été élu. L’Etat angolais réagit avec rigueur à cette vague de protestation. Lundi dernier encore, plusieurs manifestants ont été condamnés à des peines de prison de plusieurs mois.

La capitale angolaise Luanda a connu des journées agitées ces derniers temps. Face aux manifestants, l’Etat veut faire preuve de rigueur : 18 jeunes manifestants ont été condamnés lundi soir à des peines de prison allant jusqu’à trois mois.

Tout a commencé le 3 septembre dernier. Ce jour-là, un groupe d’étudiants et de musiciens avait appelé via des réseaux sociaux et par SMS à manifester sur la place de l’Indépendance dans le centre de Luanda sous le slogan "32 ans, cela suffit!" Quelque trois cent jeunes s'étaient finalement rassemblés sur cette place pour protester contre les atteintes aux droits de l'Homme, le manque d'eau, d'électricité, et la pauvreté de certains quartiers de la capitale, malgré d' importants revenus pétroliers pour le budget de l'Etat.

Angola Bürgerrechtler Rafael Marques de Morais
Rafael Marques, militant pour les droits de l'HommeImage : privat

Plusieurs petits partis d’opposition comme le Bloco Democrático ou le PDP-ANA s’étaient joints au mouvement, les partis d’opposition traditionnels tels que l’ UNITA ou le FNLA s’étaient abstenus.

L’un des instigateurs de cette manifestation est le rappeur Dionísio Casimiro "Carbono", condamné à 90 jours de prison.

« Nombre d’entre nous vivent depuis leur naissance sous ce mauvais gouvernement. La société angolaise est victime de cette mauvaise gouvernance. Nous sommes soumis à des répressions. Nous ne comprenons pas pourquoi ce régime fait usage de sa force pour nous nuire. Mais nous disons clairement que nous sommes non-violents. »

Cependant des violences s’étaient produites lors de la manifestation du 3 septembre. Plusieurs journalistes angolais et étrangers avaient été blessés ainsi que trois policiers. Aussi le ministre angolais de l’Intérieur Sebastião Martins justifie les procédures et poursuites judiciaires contre les manifestants :

« Nous poursuivrons nos actions de manière stricte, pour éviter des images telles que nous les avons vues à la télévision en Angleterre dans les rues de Londres, d’Athènes ou d’ailleurs. D’un autre côté je pense que de telles situations sont normales au sein d’une démocratie vivante. Si nous avions vraiment de tels déficits démocratiques comme certains le prétendent, eh bien de telles manifestations ne seraient pas possibles ! »

Toutefois plusieurs organisations internationales de défense des droits de l’Homme, telles que Human Rights Watch, accusent le pouvoir angolais d’être responsable des dérapages lors de ces manifestations. Selon de nombreux témoins, les violences auraient été déclenchées par des agents provocateurs.

Auteurs : Johannes Beck, Philippe Pognan
Edition : Kossivi Tiassou