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Moubarak ou l'art de gagner du temps

10 février 2011

Les journalistes continuent à débattre de l’issue du mouvement de protestation en Egypte, mais aussi de la responsabilité de l’Occident qui a longtemps soutenu Hosni Moubarak.

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Hosni Moubarak, toujours au pouvoirImage : AP

Hosni Moubarak veut gagner du temps en buvant du thé avec l'opposition, note la Süddeutsche Zeitung. Mais ses belles paroles ne se sont pas encore concrétisées. Quid des réformes démocratiques en Egypte ? Pour le journal, le président est au contraire prêt à sortir ses chiens de garde, comme l'armée et les forces de sécurité. Il sait aussi qu'avec le temps, le mouvement risque de s'essouffler, il y a des chances que la population prenne peur de voir l'activité économique ralentie et les touristes fuir le pays. La Süddeutsche Zeitung conclut : nous en sommes à un point où les deux parties, la rue et le pouvoir, savent que la situation va basculer d'un côté ou de l'autre. Il n'est pas possible de se contenter d'une semi-révolution.

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Manifestants au CaireImage : dapd

A la Une de la Frankfurter Allgemeine Zeitung, un dessin du célèbre sphinx égyptien avec à ses pieds Napoléon Bonaparte. Et ce commentaire : depuis la campagne d'Egypte napoléonienne de 1798, les hommes politiques français se rendent volontiers au Caire. Et plus largement chez les autocrates arabes. Car un nouveau scandale secoue la France : après les révélations sur le voyage de la ministre des Affaires étrangères Michèle Alliot-Marie qui a emprunté des avions d'un proche de Ben Ali pour ses vacances de Noël en Tunisie, on apprend que le Premier ministre François Fillon a été l'hôte d'Hosni Moubarak là aussi en fin d'année 2010. Le président Nicolas Sarkozy a réagi hier en ordonnant à ses ministres de passer leurs vacances en France. Cela fait sourire de la part d'un président glamour, note le quotidien. Et puis, l'opposition de gauche n'ose rien dire par peur de trouver des noms de ses rangs dans les longues listes d'invités d'Hosni Moubarak. Ce copinage à la française avec des autocrates touche en réalité toutes les franges politiques du pays.

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La place Tahrir est toujours noire de mondeImage : AP

Enfin, die tageszeitung dénonce la comparaison osée entre le mouvement égyptien de 2011 et la révolution islamique de 1979. Certes, dans les deux cas, le peuple s'élève contre un régime militaire plus ou moins soutenu par l'Occident, à savoir Hosni Moubarak aujourd'hui en Egypte, et le Shah d'Iran dans les années 70. Mais Le Caire n'est pas Téhéran, maintient le journal. Le mouvement islamique égyptien des Frères musulmans n'a pas de leader charismatique comme l'Ayatollah Khomeiny à l'époque en Iran, et ils sont plus enclins a engager des réformes sociales. Par ailleurs, l'armée égyptienne est beaucoup plus fidèle au régime, alors que les forces de l'ordre du Shah sont tombées comme un château de cartes en 1979. Die tageszeitung conclue que cette comparaison ne doit pas être une excuse utilisée par les pays Occidentaux par peur d'un changement en Egypte.

Auteur : Cécile Leclerc
Edition : Philippe Pognan