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Montée de la violence au Soudan

17 juin 2011

A l'approche de la proclamation d'indépendance du Sud-Soudan, les journaux s'inquiètent du regain de violence à la charnière entre les deux futurs Etats soudanais.

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Des milliers de personnes ont fui les combats à KadugliImage : picture alliance / dpa

Ces violences, note la Süddeutsche Zeitung, ont fait plus de 160 000 déplacés au cours des quatre dernières semaines. Dans la région contestée d'Abyei comme dans l'Etat du Kordofan-Sud, Khartoum emploie la force militaire pour consolider son hégémonie avant que le Sud ne proclame son indépendance le 9 juillet. Les risques d'épuration ethnique dans la future zone frontalière entre le Nord et le Sud, relève le journal, est évoqué en interne dans les milieux onusiens, même si jusqu'à présent aucune déclaration publique n'a été faite. Dans le Kordofan-Sud, les troupes de Béchir et les milices qui leur sont alliées poursuivent tous ceux qui sont soupçonnés de pactiser avec le Sud. Ce sont principalement des ethnies non-arabes, regroupées sous le nom de Nubas. Leur résistance à Béchir n'est pas nouvelle. Pendant longtemps des rebelles du Kordofan-Sud ont combattu avec des insurgés du Sud contre l'armée du Nord. Mais les monts Nuba sont situés au nord de la frontière qui a été négociée, ils resteront donc au Nord-Soudan, sous la coupe de Béchir et d'un gouverneur, Ahmed Haroun, qui fait lui aussi l'objet d'un mandat d'arrêt international délivré par la CPI. Ahmed Haroun, précise le journal, vient de remporter les élections régionales au Kordofan-Sud et table sur son pouvoir.

Flüchtlinge Sudan
Image : picture alliance / dpa

die tageszeitung se fait l'écho de l'offensive déclenchée par l'armée nordiste contre le Kordofan-Sud. Et note qu'un collectif d'organisations soudanaises appelé "Sudan Democracy First Group" a demandé que le conseil de sécurité de l'ONU instaure une zone d'exclusion aérienne au dessus du Kordofan-Sud.

Tripolis Gaddafi Libyen Luftangriff NATO
Après une frappe de l'OTAN à Tripoli, 7 juin 2011Image : picture alliance/dpa

La responsabilité de protéger

La Libye, elle, est toujours soumise à une telle zone d'exclusion aérienne. Et l'intervention militaire de l'OTAN continue de susciter des réflexions, notamment dans l'hebdomdaire Die Zeit. Le journal défend cette intervention, mais s'interroge sur ce qui peut apparaître comme un deux poids deux mesures: pourquoi ce qui est juste pour la Libye, c'est-à-dire une intervention militaire pour protéger la population civile, ne l'est-il pas pour la Syrie? Pourquoi le principe de la responsabilité de protéger s'applique-t-il aux Libyens, mais pas aux Syriens? Parce que, répond le journal, l'intervention en Libye n'était pas seulement commandée par la morale. Elle était aussi politiquement et militairement faisable et malgré toutes ses contradictions et tous ses revers elle semble promise au succès. Ce dernier point ne peut s'appliquer à la Syrie. Le concept de la responsabilité de protéger, sur lequel s'est appuyé le conseil de sécurité de l'ONU dans la résolution sur la Libye, souligne ensuite le journal, est la césure la plus profonde opérée dans la politique internationale depuis la chute du mur de Berlin. Il redéfinit le principe de la souveraineté nationale et lui fixe des limites précises. Lorsqu'un Etat ne peut ou ne veut protéger sa population des pires crimes, la communauté internationale peut intervenir militairement. Dans certaines circonstances, elle y est même obligée. Cette césure n'est encore ancrée nulle part dans le droit international, poursuit le journal. C'est une norme qui est train d'émerger, une tentative de tirer des enseignements de l'échec international lors du génocide au Rwanda et à Srebrenica.

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Petits vendeurs au MozambiqueImage : Ismael Miquidade

Libre échange du Cap au Caire

Au chapitre économique, l'annonce de la création prochaine d'une immense zone de libre échange en Afrique est un sujet qui retient l'attention de la presse allemande. En particulier celle d'un journal proche des milieux d'affaires comme la Frankfurter Allgemeine Zeitung. Cette zone de libre échange, dont la création en 2013 a été décidée tout dernièrement lors d'un sommet à Johannesburg, s'étendra, note le journal, de l'Afrique du sud à l'Egypte et de l'Angola à Madagascar. Elle concernera 600 millions de personnes. Cela fait longtemps que les experts demandent le regroupement des nombreuses zones de libre échange qui en partie se chevauchent en Afrique. L'Afrique du sud, le seul pays industriel du continent, est donnée comme le grand vainqueur de la future zone de libre échange. Mais souligne le journal, le chronogramme des chefs de gouvernement soulève quand même des doutes, L'Afrique du sud devrait rechigner à assouplir la protection de secteurs clés comme la construction automobile et l'industrie textile. Par ailleurs beaucoup de pays plus petits financent une grande partie de leurs budgets à partir de leurs recettes douanières. La Banque mondiale renvoie à d'autres obstacles comme le manque d'infrastructures, la bureaucratie et la corruption.

Vulkane in Afrika
Le Kilimandjaro, l'un des volcans les plus connus en AfriqueImage : dpa

Le réveil d'un volcan

Un volcan qui sommeillait depuis longtemps s'est réveillé en Erythrée. Ce volcan s'appelle le Nabro et même les vulcanologues, note la Süddeutsche Zeitung, le connaissaient à peine. Son éruption attire l'attention sur une région dans laquelle se côtoient l'actualité politique internationale, l'histoire des origines de l'humanité et l'avenir lointain du continent. Premièrement les nuages de cendre ont bouleversé les plans de la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton qui voulait se rendre en Ethiopie. Guido Westerwelle, le ministre allemand des affaires étrangères, a dû pour les mêmes raisons repousser son voyage au Soudan. Deuxièmement, poursuit le journal, le volcan fait partie du système est-africain de failles dont les modifications au cours des trois derniers millions d'années ont sans doute imprimé une marque décisive à l'évolution de l'humanité. Troisièmement l'Afrique est en train de se déchirer le long du grand rift est-africain, qui va de l'Erythrée au Mozambique. Cela se fait lentement, mesuré à l'aune du temps humain, mais rapidement selon les critères géologiques. Dans dix millions d'années, note le journal, un golfe aussi large que la mer Rouge pourrait séparer l'Ethiopie, le Kenya et la Tanzanie du reste de l'Afrique.

Auteur: Marie-Ange Pioerron
Edition: Fréjus Quenum