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Maroc : la colère d'Al Hoceima ne faiblit pas

1 juin 2017

Près de 2.000 personnes ont à nouveau manifesté mercredi à Al Hoceima pour exiger la libération de Nasser Zefzafi, leader de la contestation qui dure depuis sept mois dans cette ville du Rif.

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Marokko Proteste in Rabat
Image : picture-alliance/AP Photo/Mosa'ab Elshamy

Marokko / Unruhen - MP3-Stereo

Pour comprendre ces manifestations, il faut, selon plusieurs spécialistes, se pencher sur l'histoire du Rif et remonter le fil d'un processus de marginalisation qui a débuté dans les années 60.  Mais la colère qui règne à Al Hoceima est aussi le fruit d'un mouvement qui date du primtemps arabe : la peur s'est évaporée de la mentalité de beaucoup de Marocains, qui n'hésitent plus à sortir dans la rue pour faire entendre leur voix contre l'injustice.

C'est notamment l'avis de Nizar Messari, doyen de la faculté des sciences humaines et sociales à l'université Al Akhawayn d'Ifrane :

"La pauvrété n'explique pas tout mais c'est sûr que la maginalisation aussi bien politique, sociale, qu'économique du Rif explique beaucoup les événements actuels. C'est une région - comme le disent les gens, qui sont allés dans la rue ces derniers mois - qui manque d'universités, où il y a très peu d'emplois, où les gens vivotent avec l'économie informelle basée sur la culture et la commercialisation du kif. C'est une région où la jeunesse a très peu d'options malgré le fait que le roi Mohamed VI a essayé d'investir un peu plus dans cette région." 

Caractères trempés

Marokko Proteste
Le leader du mouvement Nasser ZefzaziImage : picture-alliance/AP Photo/A. Mohamed

Les Rifains ont la réputation d'être un peuple dur et têtu. La ville d'Al Hoceïma est d'ailleurs connue pour avoir été un haut lieu des "émeutes du pain" en 1984.  Plus récemment, pendant le printemps arabe en 2011, c'est la seule ville où l'on a recensé des morts. Sous le roi Hassan II, la région avait été maintenue en autarcie. Mohammed VI a quant à lui essayé de rompre cet isolement - mais sans grand succès.

Selon Nizar Messari, l'arrestation du leader de la contestation a produit un effet plutôt contraire. Elle a donné naissance à un mouvement de solidarité à travers tout le Maroc. :
 
"Il y a eu des tentatives de protestation aussi bien à Rabat qu'à Casablanca en passant par Marrakech, Tanger, Kenitra etc. Donc c'est un mouvement de solidarité contre l'arrestation de ce leader. En revanche, je n'ai encore entendu personne protester contre le roi. Les manifestants demandent plutôt au roi Mohamed VI d'intervenir pour résoudre le problème."

Depuis le début de la contestation suite à la mort de Mouhcine Fikri, un vendeur de poisson broyé par un camion à ordure le 28 octobre en tentant d'empêcher la destruction de sa marchandise, au moins 25 des personnes arrêtées ont été déférées devant le parquet. En attendant leurs procès.