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Turquie, démocratie ou "Erdocratie"?

Philippe Pognan8 août 2016

Plus d'un million de Turcs se sont rassemblés dimanche à Istanbul à l'appel du président Recep Tayyip Erdogan pour dénoncer le putsch manqué du 15 juillet dernier et démontrer l'unité de la société turque.

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Image : DW/D. Cupolo

Une démonstration de force pour le président Erdogan qui voit le peuple et l'opposition unis derrière lui, même si son appel ne s'était pas adressé au parti pro Kurde HDP. "Les Kemalistes du CHP et les nationalistes de droite du MHP ont fait un grand pas vers le président, relève la Süddeutsche Zeitung. Si Erdogan n'était pas aussi mesquin et aussi borné, il aurait du aussi inviter le parti pro Kurde HDP à participer à ce grand rassemblement. Là, le signal d'un nouveau départ pour la politique intérieure turque aurait été parfait. Cependant on se réjouit déjà de tout ce qui semble promettre un peu de paix dans ce pays, souligne l‘éditorialiste. Maintenant, c'est au tour d'Erdogan d‘agir. S'il veut la paix, alors il devrait laisser tomber ses plans d'instauration d‘un système présidentiel. Le pouvoir dont il dispose déjà suffit amplement", estime la Süddeutsche.

Depuis le putsch manqué, Recep Tayyip Erdogan a limogé plus de 60.000 militaires, magistrats, fonctionnaires et enseignants
Depuis le putsch manqué, Recep Tayyip Erdogan a limogé plus de 60.000 militaires, magistrats, fonctionnaires et enseignantsImage : Reuters

"Encore des manifestations en Turquie. A nouveau des centaines de milliers de personnes sont descendues dans les rues à Istanbul. Pour la démocratie et contre le récent coup d'Etat avorté. Quel sens peut avoir une manifestation pour la démocratie qui concerne un évènement passé et qui, entre-temps, a entraîné de massives conséquences pas toujours démocratiques? s'interroge le quotidien régional Emder Zeitung. Des dizaines de milliers d'adversaires, vrais ou prétendus, du président Erdogan ont été mis à l'écart. De quelle sorte de démocratie s'agit-il là ? N'est-ce pas plutôt une „Erdocratie „ qu'ont soutenu les manifestants ? Avec une obéissance aveugle sur le chemin de la cohabitation pacifique ? Cela est difficile à croire ! "conclut l’éditorialiste.

Autre thème qui concerne aussi la démocratie...

Affiche de l'ANC à Mangaug, Afrique du Sud
Affiche de l'ANC à Mangaug, Afrique du SudImage : picture-alliance/dpa/K. Ludbrook

Cette fois en Afrique du Sud où, après les dernières élections municipales, la suprématie de l'ANC, au pouvoir dans le pays depuis la fin de l'apartheid, est remise en question. "Depuis la fin de l'apartheid, les observateurs attendaient le jour où le l'ANC, le Congrès National Africain de Nelson Mandela, en tant que seul représentant naturel de la majorité noire, perdrait son prestige mythique. Aujourd'hui, une génération plus tard, ce jour est arrivé, relève la taz, die tageszeitung. L'ANC a enregistré un recul historique au niveau national et perdu sa majorité dans toutes les grandes villes. Une perte due à une politique arrogante et sans idées de la formation du président Jacob Zuma. Les électeurs se sont émancipés du devoir de loyauté envers leurs anciens libérateurs.

Maintenant l'avenir promet d'être intéressant : à droite comme à gauche de l'ANC existe dorénavant une opposition forte avec le parti de l'économie libérale Alliance Démocratique et le parti populiste de gauche des Combattants pour la liberté économique. L'Afrique du Sud pourrait à nouveau jouer un rôle de pionnier en Afrique – à condition que ses dirigeants politiques en aient le courage. Ils ont en tout cas obtenu le mandat des électeurs", conclut la taz.