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Mali : une intervention en pointillés

Marie-Ange Pioerron2 novembre 2012

La presse s'intéresse tout d'abord aux préparatifs de la mission militaire de l'Union européenne qui doit venir en aide dans la reconquête du Nord-Mali.

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Experts militaires réunis à Bamako le 30.10.2012Image : Reuters

Cette mission, écrit la Frankfurter Allgemeine Zeitung, ne sera pas particulièrement importante. Les premiers chiffres tournent autour de 200 instructeurs. Et la modestie de cette mission était attendue, dans la mesure où elle est calquée sur la mission de l'Union européenne pour la formation des forces de sécurité somaliennes, laquelle ne compte pas plus de 200 instructeurs. A la différence toutefois de la mission pour la Somalie, qui du fait de l'instabilité dans le pays, a dû avoir lieu en Ouganda, la mission de formation pour le Mali aura lieu au Mali même. Et précise encore le journal, les plans de l'Union européenne présupposent que les soldats européens ne participeront pas à des opérations de combat.

Mali Bamako Demonstration Militäreinsatz
Manifestation à Bamako contre une intervention militaireImage : AP

L'Algérie, elle, a été opposée pendant longtemps à toute intervention militaire au Mali. Comme le note la Süddeutsche Zeitung, elle semble aujourd'hui l'approuver tacitement, à deux conditions: à savoir que seules des troupes africaines soient impliquées au Mali et qu'aucun contingent algérien ne soit directement associé à l'opération. Mais souligne le journal, même sans participation directe, l'Algérie est pratiquement indispensable pour le succès de l'opération. Personne n'est aussi bien informé que les services secrets algériens sur Al Qaida au Maghreb islamique, la force motrice de la rébellion au Nord-Mali. Sous le titre "L'enfer de Gao" l'hebdomadaire Der Spiegel publie un reportage dans lequel on peut lire notamment ceci : "depuis que les islamistes gouvernent à Gao, la couleur a disparu de cette ville de 100 000 habitants. Elle fut autrefois une étape pour les touristes en route vers Tombouctou. Aujourd'hui les échoppes au bord des routes ont disparu, les bars et les restaurants sont fermés, la musique est interdite". Et surtout, souligne le journal, les ordures ne sont plus ramassées. Or les températures tournent autour de 40 degrés.

Platinmine Rustenburg Protest
Grévistes à la mine de platine de Rustenburg (05.10.12)Image : AFP/Getty Images

Où sont passés les idéaux de l'ANC ?

La presse allemande continue de suivre aussi la situation sociale en Afrique du sud. die tageszeitung par exemple note que le mouvement de grèves a affaibli Jacob Zuma au sein de l'ANC. Les mineurs se plaignent de la trop grande proximité entre leur principal syndicat, le NUM, le patronat et le gouvernement. Et, poursuit le journal, même une fin des grèves ne mettrait pas un terme à la profonde crise sociale, devenue plus visible que jamais depuis la fin de l'apartheid en Afrique du sud. Les disparités sociales y sont les plus grandes au monde. La confiance, non seulement des travailleurs, mais aussi des investisseurs, dans le gouvernement de l'ANC a baissé. Selon le ministre sud-africain des finances, les grèves ont déjà coûté un milliard de dollars. L'ANC, lit-on dans le Financial Times Deutschland, passe pour un parti de gauche. Cette image est née dans les années 50, dans le combat de l'ANC contre l'apartheid. Le parti a repris à son compte la rhétorique socialiste, il a mobilisé la majorité pauvre de la population et avec son aide il a vaincu en 1994 le régime minoritaire blanc. Depuis, bien des choses ont changé positivement, poursuit le journal. Le pays a une constitution moderne, c'est un pays démocratique. Mais au lieu de se consacrer à la lutte contre le chômage et les inégalités sociales, la nouvelle élite a fait son nid dans les instances gouvernementales et a utilisé les recettes fiscales pour l'émergence d'une classe moyenne noire.

Victoire Ingabire
Victoire Ingabire à sa sortie de la Cour suprême le 18 octobre 2012Image : AFP/Getty Images

Un verdict jugé clément

Huit années de prison au lieu de la perpétuité, titre die tageszeitung à propos du procès de l'opposante rwandaise Victoire Ingabire. Le verdict est critiqué par les organisations de défense des droits de l'homme, mais il est relativement clément. Le procureur avait requis la détention perpétuelle. Mais seuls deux des six chefs d'accusation ont été retenus. Victoire Ingabire a été reconnue coupable "d'idéologie du génocide" et de collaboration avec des groupes armés. Le journal évoque aussi ce qu'il qualifie de curiosité de la justice rwandaise: Victoire Ingabire ayant déjà effectué deux années de détention préventive, elle pourrait recouvrer immédiatement la liberté puisque le verdict lui ouvre la possibilité d'une libération après avoir purgé un quart de sa peine, ceci à la condition qu'elle accepte le verdict. Ce que refuse en fait son parti, les Forces démocratiques unifiées, parti d'opposition non reconnu par Kigali.