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Mali : petit à petit, le coton devient pagne

Yaya Konate
30 mars 2018

Moins de 2% du coton produit au Mali est transformé sur place. Un manque à gagner considérable pour l'économie locale, que les autorités maliennes veulent réduire en attirant des investisseurs.

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Textilien aus Ghana - Original und Fälschung
Image : DW/Isaac Kaledzi

"Il est impératif que ce que nous produisons soit transformé localement pour que les populations puissent vivre dignement"

"Il est impératif que ce que nous produisons soit transformé localement pour que les populations puissent en vivre et vivre dignement", estime Awa Meité. À 42 ans, elle est l'une des stylistes les plus en vue de la capitale malienne. Et elle a fait de la promotion du coton local un des combats de sa vie.  

Dans ses ateliers de Bamako, une dizaine de métiers à tisser tournent à plein régime. Ici la matière première utilisée est, bien sûr, du coton produit au Mali.

"Nous tissons déjà la matière première. Ensuite, nous fabriquons des sacs, nous produisons des vêtements, nous produisons aussi ce que j'appelle la sculpture textile. Ce sont des œuvres d'art des installations textiles."

Les stylistes maliens contribuent modestement à la transformation locale

Selon les statistiques, les créateurs et autres artisans transforment 0,02% de la production cotonnière malienne. Le taux global de transformation de ce coton sur place serait de l'ordre de 2% grâce à une unité industrielle, la Compagnie malienne du textile COMATEX, située à Ségou, à 240 km de la capitale. Entreprise d'Etat au moment des indépendances, elle est aujourd'hui privatisée avec 80% du capital entre les mains de privés chinois.

La principale difficulté est la vétusté de l'outil de production, déplore Mohamed Ali Ag Ibrahim, ministre du développement industriel: "Imaginez qu'il y a encore des machines de 1968. La plus jeune machine date de 1984. Ce serait des machines qui consomment beaucoup d'électricité alors que nous en avons moins. Il s'agit pour nous aujourd'hui de changer tout ça."

Avec plus de 700.000 tonnes de coton brut récolté, le Mali s'est classé premier de la sous-région cette année en matière de production cotonnière, détrônant le Burkina Faso. Les usines d'égrenage tournent, de ce fait, à plein régime, mais pour produire de la fibre destinée à l'exportation. Elle reviendra au Mali sous la forme de pagnes et autres produits finis, hors de prix pour le producteur et le consommateur maliens.

Attirer les investisseurs

La solution pour les autorités de Bamako, attirer des investisseurs pour La filière. Certaines expériences ont fait long feu mais au ministère en charge du développement industriel, on garde espoir. "Nous avons de bonne perspectives parce qu'il y a d'autres opérateurs qui sont intéressés par des filatures au Mali", confie Mohamed Ali Ag Ibrahim. "Donc nous pensons que nous pouvons presser le pas sur ce secteur ou nous avons beaucoup d'avantages comparatifs".

Awa Meité met en avant les atouts du Mali, tout en reconnaissant le défi de la filière coton: "Nous avons des techniques ancestrales, mais avoir des produits différents mais de haute qualité qui peuvent être portés partout, c'est cela le défi aujourd'hui des créateurs maliens et de la filière coton malienne".

En attendant la solution à cette épineuse question de la transformation, les ambitions maliennes en matière de production restent intactes. Le premier producteur de coton en Afrique de l'Ouest envisage d'ailleurs d'aller plus loin et d'atteindre les 800 000 tonnes en 2018.