Médecins corrompus et Mollah Omar
30 juillet 2015Le gouvernement fédéral vient d'adopter une loi qui pénalise davantage les dessous de table dans la profession. Les médecins corrompus encourront désormais jusqu'à cinq ans de prison. La plupart des éditorialistes saluent « un pas dans la bonne direction ».
« Les médecins n'ont pas le droit de se laisser corrompre, c'est dingue, non? », ironise la Frankfurter Rundschau. Le journal estime que les Allemands ont pris le temps, avant que cela n'aille de soi.
Bien sûr qu'un médecin n'est pas corrompu seulement parce qu'il écrit avec un stylo qui porte le logo d'une marque de médicaments. Et bien sûr que les médecins doivent écouter les VRP qui les démarchent. Mais il faut tracer des limites claires pour garantir l'indépendance des médecins.
De son côté die tageszeitung cite l'exemple d'un cancérologue qui avait pour habitude d'envoyer ses patients dans une pharmacie en particulier. Et des enquêteurs ont découvert que le pharmacien avait acheté au médecin une voiture de sport… un échange de bons procédés qui sera rendu plus difficile avec la nouvelle loi.
Mais le quotidien estime que le texte laisse encore de larges zones d'ombre dans les cas où des médecins privilégieraient certaines marques ou certains commerçants sans qu'aucune prestation directe ne puisse être établie en contrepartie, sous la forme de cadeau, de voyage, de réductions, d'invitation à des congrès de luxe ou d'argent, par exemple.
Le djihad, ancienne génération
Les journaux reviennent également sur la mort du chef des taliban d'Afghanistan, le Mollah Omar. Il serait décédé il y a deux ans déjà, mais la nouvelle n'a été confirmée qu'hier.
La Süddeutsche Zeitung revient sur les grands traits de la vie et de la lutte armée du mollah, célèbre pour être intraitable avec ses ennemis. La SZ rappelle qu'il avait marié l'une de ses filles à Oussama Ben Laden et pris l'une des siennes pour épouse, afin de sceller leur alliance.
Les circonstances de sa mort restent encore floues, écrit le quotidien et, de toute façon, elle n'affaiblit pas les taliban radicaux. Au contraire, le Mollah Omar aurait peut-être pu jouer un rôle dans les négociations avec les taliban, étant donné le respect dont il jouissait auprès des chefs de guerre locaux et des combattants de l'ancienne génération.
La Franfurter Allgemeine Zeitung rappelle aussi que le Mollah Omar était, avec Oussama Ben Laden, l'une des figures du djihad des débuts, géographiquement et idéologiquement lié à l'Afghanistan. Mais maintenant, poursuit la FAZ, le groupe « Etats islamique » a la main mise sur le Proche-Orient. Et l'échec de George W. Bush à éradiquer le djihadisme en Afghanistan, en lui ouvrant en plus une porte vers l'Irak est l'héritage le pire laissé par ce président américain.