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L'Irlande du Nord

Christophe LASCOMBES9 mai 2007

Heure historique hier à Belfast, lors de la cérémonie de prestation de serment de deux anciens ennemis jurés : Ian Paisley, pasteur, protestant et nouveau chef du gouvernement nord-irlandais, et Martin McGuiness, catholique, ancien patron du Sinn Fein, son Vice-premier Ministre. La presse allemande de ce matin commente l’aboutissement du processus de paix en Irlande du Nord engagé depuis 1998.

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Lorsqu'un prédicateur de la haine coalise avec un ancien terroriste... voilà le nouveau visage de l'Irlande du Nord.
Lorsqu'un prédicateur de la haine coalise avec un ancien terroriste... voilà le nouveau visage de l'Irlande du Nord.Image : AP

Die Welt a senti passer le vent de l’Histoire. Hier a vu la plus inconcevable utopie politique devenir réalité. Le « Dr No » de l’Ulster protestant s’engage aux côtés de son tout aussi radical adversaire catholique au sein d’un gouvernement commun. C’est un peu l’alliance du feu et de l’eau.

Dans son portrait de Martin MacGuiness, la Süddeutsche Zeitung brosse les traits d’un ancien homme de l’ombre, responsable au sein de l’IRA de tout le travail clandestin et de l’action violente. Désormais, le voilà sous les feux des projecteurs. C’est pour lui l’aboutissement d’un long parcours politique dont l’objectif était autrefois l’unification des deux Irlandes. Aujourd’hui, il va gouverner aux côtés de son ancien ennemi. Si Ian Paisley refuse toujours de donner la main à Martin McGuinness, les deux hommes savent malgré tout rire aux mêmes plaisanteries.

Pour la Frankfurter Allgemeine Zeitung, il y a quelques mois, nombreux étaient ceux qui, dans les deux camps, n’auraient pas osé imaginer une telle alliance, sauf sous forme de cauchemar. Pour les partisans des deux camps, cette avancée est véritablement un bond en avant. S’ils bondissent suffisamment loin, ils atterriront alors vraiment au XXIe siècle.

Malgré l’optimisme de circonstance, ce n’est là pourtant que le début d’un long et difficile processus de réconciliation, estime la Tageszeitung. Même si les deux anciens ennemis se sont découverts des points communs comme le thé, le cricket, et la demande formulée à l’adresse de Tony Blair d’abaisser à 12,5 % le taux de l’impôt sur les sociétés pour attirer les investisseurs, on est encore bien loin d’une normalisation de la vie quotidienne. Si la paix entraîne un boom de la construction, l’envolée des prix de l’immobilier et l’animation de la vie nocturne à Belfast, les murs de la ségrégation qui séparent catholiques et protestants dans les banlieues ne cessent de grandir. La méfiance règne toujours.

N’oublions pas ici le mérite de Tony Blair, rappelle la Frankfurter Rundschau. C’est lui qui, avec un engagement sans pareil, un sens tactique exemplaire et une vision politique claire, a imprimé sa dynamique au processus de paix. L’Irlande du Nord est devenue son grand succès politique. Mais on peut se demander ce que serait devenue l’ère Blair si le patron du Labour avait témoigné d’autant d’enthousiasme et d’imagination au profit de la paix dans d’autres domaines, en Irak par exemple, conclut le quotidien.