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L'Irlande a dit oui

22 novembre 2010

Dublin a annoncé qu'il avait accepté de se placer sous la protection financière de l'Union européenne. Un épilogue qui devrait rassurer les marchés et permettre de renflouer les banques irlandaises

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Le Premier ministre Brian Cowen a annoncé dimanche que l'Irlande acceptait l'aide de l'UE
Le Premier ministre Brian Cowen a annoncé dimanche que l'Irlande acceptait l'aide de l'UEImage : AP

Après l’annonce faite hier par le gouvernement irlandais qu’il allait envoyer une demande officielle de soutien financier à Bruxelles, deux incertitudes essentielles demeurent pour l’avenir à la fois de la zone euro mais aussi de la stabilité politique à Dublin. La première concerne l'inconnue de la contagion. Ce plan de sauvetage - dont le montant total n’est pas encore fixé devrait varier aux alentours de 80 à 90 milliards d'euros - va-t-il suffire pour empêcher la contagion de la crise à d'autres pays comme le Portugal ou l'Espagne ? Rien n'est moins sûr tant les marchés, même s'ils ont accueilli à la hausse l'annonce de ce plan, se montrent toujours sceptiques sur la santé de la zone euro.

Le ministre allemand des finances, Wolfgang Schäuble, a minimisé le risque d’une contagion à d’autres membres affaiblis de la zone euro. Certains économistes se montrent toutefois moins optimistes : « Le Portugal devrait être le prochain pays sur la liste », a asséné Filipe Garcia de Informacao de Mercados Financeiros à Porto.

Enfin, Londres a annoncé qu'il allait aussi prêter huit milliards d'euros à Dublin. Les banques britanniques sont engagées à hauteur d'une centaine de milliards d'euros en Irlande et le gouvernement britannique a tout intérêt à ce que l'Irlande ne dépose pas le bilan.

C'est l'explosion de la bulle immobilière qui a entraîné la chute des banques irlandaises
C'est l'explosion de la bulle immobilière qui a entraîné la chute des banques irlandaisesImage : DW-TV

Tensions sociales

La seconde incertitude est plus politique puisque ce sauvetage financier aura un coût : l'Irlande va devoir accepter les réformes imposées à la fois par l'Union européenne et le Fonds monétaire international puisque le FMI va aussi participer au sauvetage. L'Irlande a dores et déjà engagé un plan de réduction de ses dépenses de 15 milliards d'euros d'ici 2014, ce qui représente 10% de son PIB, sa production annuelle de richesse. "Le second élément clef de cet accord est un programme de réduction des déficits publics. Pour simplifier : le gouvernement va devoir augmenter les impôts et réduire ses dépenses dans des niveaux supportables.", a commenté Brian Cowen, le Premier ministre irlandais.

Particulièrement visée : une hausse de la TVA comme cela avait été le cas pour la Grèce au printemps dernier. De nombreux partenaires européens souhaitent aussi en profiter pour convaincre l’Irlande d’augmenter le taux de son impôt sur les sociétés, particulièrement bas à 12,5% ce que certains considèrent comme une forme de dumping fiscal au sein de la zone euro. Dublin s’est montré jusqu’à présent opposé à toute concession sur ce point mais le gouvernement pourra-t-il tenir longtemps.

La réduction des dépenses laisse présager qui plus est un coût social. Le quotidien Financial Times s'amusait aujourd'hui à souligner les aberrations fiscales irlandaises comme les heures payées accordées aux fonctionnaires pour se rendre à la banque et encaisser le chèque de leur salaire qui leur est versé depuis longtemps par virement bancaire. Ou encore la voiture de fonction accordée à vie aux anciens Premiers ministres. Mais au-delà de ces exemples folkloriques, le risque de tension est réel. D'autant que la population irlandaise, jalouse de son indépendance durement acquise sur l'Angleterre il y à 90 ans, voit d'un mauvais œil la perspective de passer sous les fourches caudines de l'Union européenne et du FMI. Le gouvernement actuel risque de le payer prochainement dans les urnes.

Auteur : Jean-Michel Bos

Edition : Philippe Pognan