L'Iran montre ses muscles
23 août 2010Le calendrier n'est pas anodin. Avant-hier, l'Iran a lancé la première centrale nucléaire de son histoire, celle de Bouchehr, construite par la Russie. Celle-ci, destinée à produire de l'électricité, a donc un usage uniquement civil. En même temps, les Iraniens n'ont pas oublié que l'aviation israélienne a détruit, en 1981, la centrale nucléaire irakienne d'Osirak.
C’est donc dans un but dissuasif que Téhéran a présenté une série d'armes nouvelles mises au point récemment : un missile sol-sol Qiam d'une portée de 1500 kilomètres, des vedettes rapides équipées de missiles et surtout, un drone bombardier, baptisé le Karrar, qui aurait une portée de 1000 kilomètres. Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a d'ailleurs averti que la réaction de l'Iran serait « imprévisible » en cas d'attaque de son territoire.
Première étape
Néanmoins, la centrale de Bouchehr pourrait représenter un risque de prolifération de combustible nucléaire. C’est pourquoi celle-ci est placée sous la surveillance de l'Agence internationale de l'énergie atomique. D’autre part, la Russie fournit l'uranium enrichi nécessaire et Moscou s'est engagé à récupérer ce combustible après usage.
Est-ce suffisant pour écarter tous risque ? L'Iran possède déjà au moins deux centrales d'enrichissement de l'uranium. Elle peut donc à terme produire elle-même son combustible. D’ailleurs, le président iranien Mahmoud Ahmadinejad n'a pas caché que la centrale de Bouchehr, d'une capacité de 1000 Megawatt, n'était qu'une première étape : "Nous sommes fermement décidés à augmenter notre capacité nucléaire nationale à 20 000 Megawatts", a-t-il affirmé lors de la cérémonie officielle de présentation du nouveau drone bombardier.
Voilà qui ne va pas rassurer la communauté internationale. Mais pour la première fois sans doute dans ce dossier iranien, on perçoit un son de cloche différent entre Washington et Tel Haviv. Israël a déclaré que le démarrage de la centrale de Bouchehr était « totalement inacceptable », tandis que les Etats-Unis ne considèrent pas celle-ci comme un danger.
Auteur : Jean-Michel Bos
Edition : Elisabeth Cadot