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L'Iran choisit la confrontation

Anne Le Touzé14 février 2006

L’Iran a repris ses activités d’enrichissement d’uranium, malgré les avertissements de la communauté internationale. Des activités qui s’ajoutent aux propos virulents du président iranien Mahmoud Ahmadinejad. Rappelons que l'uranium enrichi peut servir de combustible pour des réacteurs nucléaires, mais aussi à la fabrication de l’arme atomique. Le sujet fait, évidemment, la Une de tous les journaux allemands, pour lesquels « l’Iran choisit la confrontation ».

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Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad fait du programme nucléaire de son pays une question d'honneur nationale.
Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad fait du programme nucléaire de son pays une question d'honneur nationale.Image : AP

Die Welt s’étonne de la détermination avec laquelle le président iranien se met à dos jusqu’aux plus fervents partisans d’un compromis. Mahmoud Ahmadinejad semble prêt à tout pour isoler complètement son pays. Vu de l’extérieur, les raisons sont difficilement compréhen­sibles. Mais Ahmadinejad est un enfant de la Révolution iranienne, rappelle le journal. Il veut rallumer le feu des premières années Khomeini et corriger l’évolution, à ses yeux erronée, de son pays, à l’aide de vieux idéaux radicaux. Par des paroles guerrières, il espère en outre rassembler derrière lui la société iranienne, qui est profondément divisée, et réduire au silence les Mullah et les parlementaires qui lui sont opposés. Le prix à payer est élevé : le président Ahmadinejad, conclut Die Welt, oblige la communauté internationale à sanctionner l’Iran.

Pour voir en Iran le moindre signe d’ouverture à un quelconque compromis, estime la Frankfurter Allgemeine Zeitung, il faut un sacré microscope. Dans une telle situation, le refus catégorique du président du SPD, Matthias Platzeck, d’envisager un recours militaire est à la fois sot et provincial. Le ministre des Affaires étrangères Steinmeier, qui est de son parti, aurait peut-être dû lui expliquer quelles difficultés ont rencontrées Européens et Américains d’un côté, Russes et Chinois de l’autre, avant de parvenir à une position commune. Contrairement à la veille de la guerre d’Irak, où l’Allemagne, l’Europe et le monde étaient divisés en deux camps, la question iranienne fait l’objet d’un large consensus au-delà des partis et des Etats. On ne peut pas réduire ce consensus à un simple antagonisme entre pacifisme et belligérance.

De son côté, le Handelsblatt estime avec amertume qu’il ne sera pas facile de contraindre le président Ahmadinejad à respecter les règles internationales, tout comme il a été impossible de les faire respecter par le despote serbe Milosevic ou le dictateur irakien Saddam Hussein. A fortiori parce que dans les formes, l’Iran ne transgresse aucune règle du droit international. Mais si on veut empêcher les Mullah de construire l’arme nucléaire et de menacer Israël, prévient le journal, il faut être prêt à intervenir avec des armes politiques et économiques, mais aussi militaires.

Pour terminer, une mise en garde de la Tageszeitung : certains politiques à Washington et Bruxelles sont d’avis que les menaces de sanctions, voire d’intervention militaire, renforcent les luttes de pouvoir internes en Iran et finiront par conduire à l’isolement du président iranien. Mais les derniers développements de l’affaire prouvent le contraire : depuis que l’Union européenne a rejoint la ligne dure de Washington, le populiste Ahmadinejad a encore plus de succès. Les menaces sont une impasse, prévient la taz. L’objectif d’une diplomatie intelligente devrait être d’isoler le président radical, mais pas l’ensemble du peuple iranien.