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L'Irak à la croisée des chemins

Christophe LASCOMBES6 avril 2004

Au deuxième jour du soulèvement chiite en Irak, les grands titres de la presse alle-mande d’aujourd’hui se concentrent bien sûr sur la pénible situation des forces de la coalition et sur les risques que font courir ce conflit qui s’enlise sur la stabilité de l’ensemble du Proche et du Moyen-Orient.

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Les milices de Moqtada al Sadr occupent les lieux saints de Nadjaf
Les milices de Moqtada al Sadr occupent les lieux saints de NadjafImage : AP

Pour la Frankfurter Rundschau, les conséquences de la crise irakienne vont bien au-delà du pays lui-même. Le traitement honteux infligé aux dépouilles mortelles de membres d’une société de gardiennage américaine assumant des tâches militaires a été présenté dans certains journaux régionaux comme la réponse à l’exécution par Israël du Cheikh Yassine. Si le conflit israélo-palestinien devait fusionner avec celui de l’Irak, Bush obtiendrait ce qu’il ne voulait pas : le chaos en Mésopotamie et un soulèvement général de toute la sous-région.

Pour la Frankfurter Allgemeine Zeitung, l’évolution de la situation était prévisible. Les Américains sont maintenant pris au piège : s’ils abandonnent la souveraineté aux Irakiens, comme de nombreuses voix l’exigent, les chances sont grandes que l’affrontement pour le pouvoir s’enflamme entre Chiites et Sunnites. Mais si cet événement devait être repoussé, cela serait pour Bush qui lutte pour sa réélection l’aveu que la situation en Irak lui échappe, s’attirant ainsi les foudres de ceux qui croient encore au processus constitutionnel.

La Süddeutsche Zeitung voit elle aussi une grave menace dans l’aggravation de la crise qui conduirait à une plus grande radicalisation encore des meneurs et pousserait les modérés à se solidariser avec les victimes. Car le culte des martyrs est partie intégrante de la Chia. Et puis, la structure démographique de la population avec 70% de jeunes de moins de 20 ans dont les deux tiers sont sans travail, est pain béni pour Moqtada al Sadr dont le seul mérite est d’être le fils du grand ayatollah Mohammad Sadek Sadr, assassiné en 1999 par Saddam Hussein.

Pour Die Welt enfin, l’Irak est à la croisée des chemins. Qui croirait, en voyant les images des télévisions du monde entier que ce pays recouvrera sa souveraineté dans moins de trois mois ? Si l’Irak plonge dans la guerre civile, il perdra son avenir et sa place dans le concert des nations pacifiques et démocratiques, avertit le journal. Ce serait aussi un très mauvais service à nous rendre. Notre sécurité, notre crédibilité et notre intégrité sont en jeu en Irak. Après la chute de Saddam Hussein, la communauté internationale a assumé la responsabilité d’un nouvel Irak, une responsabilité qu’elle n’a pas le droit d’abandonner à un prédicateur de la haine assoiffé de pouvoir, conclut le journal.