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L'interdiction du NPD divise l'opinion

Emilie Ginestou 1 mars 2016

La Cour constitutionnelle allemande a entamé une procédure d'interdiction du NPD, parti allemand d'extrême droite. Entretien avec Béatrice Laumond, spécialiste de la droite radicale en Allemagne.

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Les juges de la Cour constitutionnelle allemande se réunissent, à Karlsruhe, pendant trois jours
Les juges de la Cour constitutionnelle allemande se réunissent, à Karlsruhe, pendant trois joursImage : Reuters/K. Pfaffenbach

La cour constitutionnelle a prévu trois jours d'audience au minimum pour étudier la requête déposée en décembre 2013 par les 16 États fédéraux, en vue d'interdire le parti d'extrême droite considéré comme raciste et antisémite. Dans son préambule, le président de la Cour Andreas Vosskuhle a évoqué un "défi pour un État démocratique" car l'interdiction d'un parti revient à "limiter la liberté pour préserver la liberté". La décision de la Cour constitutionnelle allemande n'est pas attendue avant plusieurs mois.

Pourquoi interdire le NPD, alors que d'autres partis populistes allemands flirtent avec l'extrême droite, comme comme l'AfD, l'Alternative pour l'Allemagne ? Béatrice Laumond, doctorante en sciences politiques et spécialiste de la question de la droite radicale en Allemagne, explique :

« La première différence c'est que le NPD est un parti très ancien, qui s'est formé dans l'après-guerre, alors que l'AfD s’est formé il y a maintenant trois ans. Il y a un consensus pour le classer comme un parti de droite radicale, mais le programme n’est pas encore complètement analysé, puisque c’est un parti qui est encore très jeune. En tout cas, ce qui caractérise depuis plusieurs décennies le NPD, c’est que c’est un parti qui charrie un certain nombre de militants qui sont prêts à utiliser la violence. Et je pense que c’est ça, aujourd’hui, qui distingue le plus les deux partis. »

Une première tentative avait échoué en 2003
Une première tentative avait échoué en 2003Image : picture-alliance/dpa/dpaweb/U. Deck

De multiples tentatives

Ce n'est pas la première fois qu'une d'interdiction du parti est évoquée. Qu’est-ce qui est différent aujourd’hui ?

« La tentative qui a échoué, c’est celle de 2003, qui a effectivement échoué dès le départ, pour des raisons de forme. Aujourd’hui ce qui est différent, c’est la recrudescence des violences à l’égard des personnes considérées comme n’étant pas allemandes. Cependant, est-ce que le juge va se laisser influencer par ce contexte ? Là, rien n’est moins sûr, parce que ça ne correspond pas du tout à la tradition allemande. »

Quels sont les principaux arguments pour et contre une interdiction ?

« Pour une interdiction, il y a évidemment la symbolique. L’idée que la démocratie allemande se défend, et se défend en premier lieu en interdisant un parti politique qui se bat contre la démocratie. Un deuxième argument pointé par de nombreux élus politiques, c’est la question du financement. C’est un peu gênant pour de nombreux élus de se dire que l’État allemand finance un parti anti-démocratique aux frais du contribuable. Ce sont deux éléments qu’on peut mettre en avant, mais ça ne cache pas le fait qu'interdire un parti politique, ça ne le fait pas disparaître, les gens restent. Et un argument que beaucoup d’autorités, surtout la police et les services de renseignements, mettent en avant, c’est la difficulté à suivre un parti qui est interdit. »