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Libye: des fractures historiques

9 mars 2012

La presse allemande affiche un regain d'intérêt pour la Libye. Le risque de partition du pays alimente cette semaine de nombreux articles.

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Manifestation contre un Etat fédéral en LibyeImage : Reuters

Le blues de Benghazi, titre le quotidien Die Welt. Cela fait plus d'un an que les révolutionnaires du 17 février sont descendus dans la rue, la mort de Kadhafi remonte à près de cinq mois. Mais les divergences s'accentuent en Libye. L'ordre et le droit font défaut, l'économie ne redémarre pas, les fonctionnaires ne sont payés qu'avec retard. Ce qui irrite le plus les activistes toutefois, c'est le manque de transparence et de communication du Conseil national de transition. Ces activistes ont entre temps agi, poursuit Die Welt. A Benghazi, une assemblée de chefs de tribus, d'officiers et de chefs de milices a créé son propre conseil. Il est censé administrer l'est de la Libye, sous l'autorité certes du conseil national de transition , mais comme région semi-autonome. L'assemblée de Benghazi se réfère à la constitution de l'ancien royaume de Libye qui, jusqu'au coup d'Etat de Kadhafi en 1969, instituait un système fédéral composé de trois régions. La Frankfurter Allgemeine Zeitung rappelle que cette constitution de 1951 autorisait effectivement l'existence de trois régions largement autonomes: la Tripolitaine, le Fezzan et la Cyrénaïque précisément, celle qui vient de proclamer sa semi-autonomie. Depuis la prise de pouvoir par Kadhafi en 1969, Benghazi a été de plus en plus négligée. C'est la région d'origine de la monarchie. Le pétrole était extrait à l'est, mais les pétrodollars allaient à Tripoli située à plus d'un millier de kilomètres. Bon nombre de Libyens de l'est du pays craignent aujourd'hui que cette mise à l'écart se perpétue. La plupart des décisions continuent d'être prises par des bureaucrates à Tripoli. Les détracteurs de l'Etat central, note encore le journal, font également valoir que la plupart des ministres sont originaires de l'ouest du pays.

Libyen Föderalisierung, Ahmed Al-Zubair Al-Sanusi als Präsident der Kyrenaica Region gewählt
Cheikh Ahmed al-SenoussiImage : picture-alliance/dpa

Les nerfs sont à vif en Libye, souligne de son côté le Tagesspiegel de Berlin. Le président par interim Moustafa Abdel Jalil, lui-même originaire de l'est, a certes déclaré qu'il ne permettrait pas une partition de la Libye et qu'il défendrait l'unité de la nation "au besoin par la force". Mais la configuration du futur parlement qui sera élu en juin n'incite pas le journal à l'optimisme. Sur les 200 mandats de ce nouveau parlement, 60 sont réservés à l'est du pays, contre 102 à l'ouest. C'est pour les uns un reflet de la densité démographique, pour les autres une preuve de discrimination continue. La Süddeutsche Zeitung brosse un portrait de Cheikh Ahmed al-Senoussi , celui-là même qui a été élu à la tête du conseil chargé d'administrer la Cyrénaïque. C'est un petit-neveu, précise le journal, du premier et dernier roi de Libye, Idriss 1er. Il est passé par l'académie militaire irakienne, et il a été le doyen des prisonniers politiques sous Kadhafi. En 1970, il avait orchestré un attentat contre Kadhafi, et avait échoué. Suite à quoi il devait végéter 31 ans dans une geôle du régime, dont 18 ans sans visite, et neuf ans en isolement, sans livre, sans soleil, sans voir un seul être humain.

Streik in Südafrika
Jour de grève à DurbanImage : Reuters

Grève en Afrique du sud

Outre la Libye, l'Afrique du sud est aussi présente dans les journaux. die tageszeitung se fait l'écho de la grève qui a paralysé le pays mercredi dernier - la plus grande grève depuis des années. Elle visait notamment à dénoncer l'instauration de péages sur les autoroutes autour de Johannesburg et la multiplication des contrats à durée déterminée dans les entreprises du pays. L'appel à la grève, note le journal, a été lancé par la principale centrale syndicale du pays, la Cosatu, par ailleurs partenaire gouvernemental de l'ANC du président Jacob Zuma. La Cosatu envoie donc un message à Zuma qui aux élections de 2014 veut briguer, et remporter, un deuxième mandat.

Pavianmännchen sitzt im Fels
Babouin mâleImage : Fotolia/Harald Lange

Des hommes contre des singes

La Berliner Zeitung informe ses lecteurs d'une guerre qui fait rage dans les faubourgs du Cap. Ce n'est pas, écrit le journal, une guerre entre miliciens brandissant des machettes, comme on en connaît dans d'autres parties du continent. Pas non plus une guerre des gangs comme celle qui sévit régulièrement dans les quartiers les moins riches du Cap, mais c'est malgré tout effrayant. Cette guerre, elle oppose des humains à des singes, des babouins très précisément, qui pénètrent de plus en plus dans des zones d'habitation. Les babouins sont organisés en groupes. On en a dénombré 17, totalisant 430 individus. Il n'est pas rare, poursuit le journal, qu'un habitant du Cap, au sortir de la douche, constate qu'un groupe de babouins a pillé le réfrigérateur et détruit le mobilier. Mais les animaux souffrent également. Certains ont reçu tellement de balles qu'ils ne peuvent pratiquement plus se mouvoir. Des personnes sensées, ajoute la Berliner Zeitung, se sont rendu compte que cela ne pouvait pas continuer. Elles se sont inspirées du concept de force de paix, appliqué dans d'autres zones de conflit. Depuis, près de 70 "surveillants des babouins" sont occupés jour après jour à tenir les singes à l'écart des zones résidentielles. Cette mission de paix est financée par la municipalité du Cap, mais elle doit prendre fin en juin prochain.

Auteur: Marie-Ange Pioerron
Edition: Georges-Ibrahim Tounkara